Disparu en 1986, Jean Genet a laissé derrière lui une œuvre prolifique. Véritable touche à tout, il s’est illustré tant à travers le théâtre que dans l’écriture de romans ou de poésie, mais aussi dans le cinéma. Une oeuvre que des documents inédits remis cet automne à l'IMEC (Institut Mémoires de l’édition contemporaine), viennent enrichir davantage.
Mi-novembre, des mallettes contenant diverses notes et manuscrits de l’écrivain ont été remises à l’IMEC, située à Caen, par l’ancien avocat de Jean Genet, Roland Dumas.
Tous deux s’étaient rencontrés pendant la Guerre d’Algérie, partageant un même engagement auprès du FLN. L’écrivain aurait déposé ces valises alors qu’il venait tout juste de terminer son second ouvrage autobiographique Un captif amoureux. Il se serait contenté de lâcher à son ami : « Vous en ferez ce que vous voudrez. », rapporte son biographe Albert Dichy au Point.
Au nombre de trois, ces valises avaient été confiées par l’écrivain à son avocat un mois avant sa mort. Elles comportent une quinzaine de documents encore inédits à ce jour, qui retracent ses quinze dernières années du travail.
Entre carnets, bloc-notes, coupures de presse, mais aussi ébauche de scénario adapté de son premier roman Notre-Dame des fleurs, ou manuscrits d’Un Captif amoureux, ces documents étaient inespérés pour Alfred Dichy.
Un trésor, et un mensonge
Ils sont aussi la preuve que l’écrivain était loin d’avoir tiré un trait sur l’écriture. Et ce, contrairement à ce qu’il avait pu déclarer, insiste M. Dichy : « Genet disait qu’il n’écrivait plus, sauf quelques articles politiques. Mais en réalité, il avait repris en 1983 le projet d’un grand livre sur les Black Panthers et les Palestiniens, pour lequel il avait rassemblé toute une documentation. »
En tant que responsable du fonds de l’écrivain à l’IMEC, où il occupe le poste de directeur littéraire, Albert Dichy peut enfin éplucher les richesses que renfermaient jusqu’à ce jour ces valises – dont il connaît l’existence depuis douze ans.
« Chercheur moi-même, je savais depuis longtemps que Roland Dumas détenait ces valises. Je lui avais suggéré de nombreuses fois de nous les confier, mais il souhaitait travailler dessus. À 97 ans, il a finalement accepté de nous les donner, lors d’une jolie cérémonie à Paris, début novembre », a-t-il déclaré au Parisien.
Une arrivée inespérée qui permettra à l’IMEC d’enrichir sa collection. L’Institut est « le fonds le plus conséquent au monde » sur l’œuvre de Jean Genet, précise Albert Dichy, « Avec celui consacré à Céline, il constitue l’un de nos fonds les plus anciens et les plus importants. »