Un historien et son ancien élève ont passé plus d’une décennie à rechercher des exemplaires jusqu’alors jamais recensés de la première édition des Principes mathématiques de la philosophie naturelle, œuvre révolutionnaire d’Isaac Newton. Souvent abrégé au nom latin Principia, l’ouvrage aurait ainsi eu une influence encore plus importante que prévu sur le monde des idées du XVIIIe siècle.

« Nous nous sommes sentis comme Sherlock Holmes », affirme Mordechai Feingold, professeur d’histoire des sciences de la California Institute of Technology dans son article sur l’enquête publiée dans la revue Annals of Science. Dans ce texte il explique avoir parcouru le monde des années durant, accompagné d’Andrej Svorenčík, un de ses anciens élèves, à la recherche de ces volumes oubliés.
Après avoir écumé les bibliothèques et collections privées d’Europe, les deux chercheurs à la ténacité admirable ont publié un nouveau recensement concernant la première édition du Principia datant de 1687. Le dernier recensement de ce genre, publié en 1953, avait identifié 189 exemplaires, tandis que cette nouvelle enquête en dénombre 386, soit près du double.
Selon les historiens, les exemplaires de cette première édition se vendent aujourd’hui entre 300.000 $ et 3.000.000 $ via des maisons de ventes comme Christie’s et Sotheby’s ainsi qu’au marché noir. Ils estiment qu’environ 600, et peut-être jusqu’à 750 exemplaires, ont été imprimés en 1687.
Une enquête sans gravité ?
Si à première vue passer 10 ans à rechercher des ouvrages d’une édition précise dans l’objectif de les recenser peut paraitre étrange, cette enquête permet dans les faits de mieux saisir l’influence de la publication des Principia au XVIIIe siècle.
« Au XVIIIe siècle, les idées newtoniennes transcendaient la science elle-même », explique Feingold, « les gens dans d’autres domaines espéraient trouver une loi unique similaire pour unifier leurs propres domaines respectifs. L’influence que Newton, tout comme celle Charles Darwin et Albert Einstein, a exercée fut considérable sur de nombreux autres aspects de la vie ».
Svorenčík et Feingold espèrent que leur recensement, qu’ils qualifient de préliminaire, fournira des informations sur d’autres exemplaires existants cachés chez des propriétaires privés, des libraires et des bibliothèques. Poursuivant leurs recherches, les historiens prévoient d’affiner davantage notre compréhension de la façon dont les Principia ont façonné la science du 18e siècle.
Crédit photo : Caltech
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