La maison de vente aura subi de lourdes pressions pour que les documents soient retirés de ces enchères. Mais rien n’y a fait : les notes liminaires à d’anciens discours du dictateur allemand, Adolf Hitler ont été attribués pour 34.000 $.

Hermann Historica, la maison de vente allemande basée à Munich, a défendu son projet jusqu’au bout. Tous les manuscrits proposés dataient d’avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale : à ce titre, ils revêtaient une importance historique majeure. Et nécessitaient donc d’être conservés dans un musée. Il semble toutefois qu'aucune préemption n'ait eu lieu...
Pour autant, les groupes de défense du judaïsme ont démultiplié les tribunes et attaques, considérant que ces textes encourageraient les mouvements néonazis.
Le rabbin Menachem Margolin, chef de l’Association juive européenne, basée à Bruxelles, le dénonçait : « Je ne peux pas comprendre la pure irresponsabilité et l’insensibilité, dans un climat aussi fébrile, qui consiste à vendre de pareils articles — les divagations du plus grand tueur de juifs au monde — au plus offrant. »

crédit Hermann Historica
Le manuscrit complet compte neuf pages : il s’agit d’un prélude au discours prononcé devant les nouveaux officiers militaires, à Berlin, en 1939. Soit huit mois avant que ne soit déclenché le conflit ayant mené aux atrocités que l’on connaît aujourd’hui.
Ce que l’European Jewish Association pointe également, c’est que la maison avait proposé l’an passé des documents similaires pour une autre vente aux enchères.
Unbelievable! The same auction house that sold the Nazi memorabilia last year and that we brought to world attention is doing it again! A disgusting sale of lots from Hitler. This time, like before- we will not keep silence!
— EJA (@EJAssociation) October 20, 2020
Join us and SAY NO to glorifying Nazi heritage! https://t.co/86rkG3xlzw
Au final, les textes ont été achetés par des acquéreurs demeurés anonymes, pour le montant le plus élevé de l’estimation originelle. Et ce alors que le chef de l’agence allemande pour la sécurité intérieure a récemment fait état d’une augmentation des actes antisémites dans le pays.
« Nous comprenons que la Covid-19 mobilise, à juste titre, les pensées des gouvernements et des parlements. Mais nous ne pouvons pas permettre au virus de l’antisémitisme de se développer sans contrôle », indiquait le rabbin quelques jours avant la vente.
Il demandait alors que la vente soit stoppée net. Et que, par éthique, morale ou humanité, ce genre de produits ne soit pas ainsi dispersé aussi aisément. « Le message doit circuler que le développement ultérieur de ce “marché” est tabou, et au-delà des normes acceptables. »
À ce titre, même Amazon semble avoir retenu la leçon, et empêche désormais – parfois… – la vente de memorabilia nazis sur son site. La commercialisation de Mein Kampf, le traité haineux d’Hitler, avait récemment fait l’objet d’une suppression.
illustration : Adolf Hitler domaine public