Les mesures de confinement adoptées par la France en mars dernier avaient conduit à la fermeture des librairies — considérées comme des commerces non essentiels. La main tendue de Bruno Le Maire, acceptant de revoir les conditions d’ouverture, n’avait pas été saisie. Or, à l’approche de nouvelles restrictions, le Syndicat de la librairie française prend ses précautions et d'autres avec lui.
La « guerre sanitaire » déclarée par Emmanuel Macron le 16 mars résonne encore. À l’instar des cafés, restaurants ou autres cinémas et discothèques, les librairies entraient dans la catégorie des commerces « non indispensables à la vie du pays », selon la définition d’Édouard Philippe.
Avec l’approche des annonces d’Emmanuel Macron, le Syndicat de la librairie française a récemment communiqué auprès de ses membres que la position changerait. Bien entendu, tout dépendra des mesures encore à venir. Mais pour l’heure, le SLF, en discussion avec le ministère de la Culture, selon nos informations, opte cette fois pour un maintien de l’ouverture des librairies.
Toute la question sera de savoir si les librairies entrent dans le giron des clusters redoutés. Ce qui change radicalement, c’est l’idée que cette fois, les librairies revendiquent leur statut de commerce essentiel. Autre époque, autres mœurs, faut-il comprendre : lors du premier confinement, la situation des libraires avait tourné au cauchemar.
Il fallait à l’époque être un héros en restant chez soi — comportement adopté durant le premier mois. Pour la suite, nombre de librairies ont choisi d’opter pour le click and collect, avec commandes internet et retraits en magasin. Cette fois, les établissements seraient mieux équipés pour mettre en place cette solution.
Selon plusieurs sources, les commandes sur les sites internet de libraires ont déjà repris depuis quelques jours. Non sans lien avec la profusion de commentaires et hypothèses tentant de deviner ce qu’il adviendra. Il est vrai que vivre au jour le jour, dans l’incapacité de se projeter bien loin, relève de la délicate acrobatie mentale.
“Nous sommes préparés”
Au final, c’est un communiqué commun, cosigné par le Syndicat national de l’édition, le Conseil permanent des écrivains et le Syndicat de la librairie française qui résume l’ambiance.
La lecture de livres est une activité essentielle à nos vies citoyennes et individuelles.
L’extraordinaire appétit de lectures chez les Français, jeunes ou adultes, s’est à nouveau confirmé ces derniers mois ; les livres assouvissent notre besoin de compréhension, de réflexion, d’évasion, de distraction, mais aussi de partage et de communication, y compris dans l’isolement.
Le premier confinement n’avait pas permis hélas de maintenir les librairies ouvertes, blessant au cœur toute la filière du livre ; les professionnels n’y étaient pas préparés. Mais depuis, les librairies de proximité, qui maillent tout notre territoire, se sont organisées et équipées. Elles peuvent être parfaitement en mesure d’accueillir les lecteurs dans la perspective d’un nouveau confinement, dans des conditions sanitaires sûres et éprouvées.
Le « click and collect » est indispensable et d’ores et déjà en place dans un très grand nombre de points de vente. Mais il ne saurait combler toutes les attentes des lecteurs, notamment dans les deux mois précédant les fêtes de fin d’année où plus d’un quart des livres sont achetés. Les livres sont, depuis plusieurs années, le cadeau le plus offert par les Français. Comment y renoncer ?
Aussi, auteurs, illustrateurs, éditeurs et libraires lancent un appel solennel, solidaire et responsable, au gouvernement : laissez nos librairies ouvertes pour que le confinement social ne soit pas aussi un isolement culturel. Nos lecteurs, attachés à la librairie indépendante, ne le comprendraient pas et le vivraient comme une injustice.
Nous sommes prêts à assumer nos responsabilités culturelles et sanitaires.
Reste à attendre les révélations de l'Élysée pour savoir à quelle sauce l'industrie du livre sera mangée.
photo : ActuaLitté, CC BY SA 2.0