AVANT-PARUTION – L’événement éditorial aux éditions Nous, qui coïncide avec leur 20e anniversaire, c’est la première traduction intégrale des Journaux de Kafka. Les Journaux sont au centre de son travail d’écrivain. Composites et surprenants, ils mêlent la note autobiographique à l’amorce fictionnelle, le récit de rêve au fragment narratif, détournant ainsi la pratique diaristique telle qu’on l’entend ordinairement.

mediodescocido, CC BY SA 2.0
Cette édition est la première traduction intégrale des Journaux de Franz Kafka. La seule traduction française visant l’intégralité était à ce jour celle de Marthe Robert, publiée en 1954 chez Grasset. Mais elle ne correspond pas à l’intégralité des Journaux de Kafka. En effet, elle se base sur la version établie par Max Brod en 1951 : celui-ci avait procédé à une censure des textes de son ami, en éliminant les noms des personnes encore vivantes, et un certain nombre des remarques qui le concernaient lui-même.
Dans sa volonté de faire de Kafka un « saint laïque », il avait également supprimé des passages jugés « obscènes ». Enfin sa chronologie, qui a été suivie par Marthe Robert, s’est avec le temps avérée erronée (la traduction française contenait d’ailleurs un certain nombre de fragments traduits à partir de la version anglaise, plus complète que l’édition originale en allemand — avec tous les risques qu’une traduction de traduction comporte).
Se pose enfin la question, cruciale, de la place à accorder aux fragments fictionnels. Dans l’édition de « La Pléiade », ils sont absents du volume contenant les journaux. Or, ces textes figurent dans les mêmes cahiers manuscrits qui contiennent les notations « diaristes ». Et il y a un intérêt certain, par exemple, à pouvoir lire dans la continuité la première version, manuscrite, d’une nouvelle et, immédiatement après, le commentaire qu’en fait Kafka.

Est donc suivie donc la leçon qui a été proposée dès 1990 par les éditeurs allemands de la « Kritische Ausgabe », qui ont reproduit à l’identique les cahiers manuscrits. La chronologie qui en résulte est très différente de celle de Max Brod. Le texte corrige aussi certaines erreurs du déchiffrage initial des manuscrits.
Cette version est donc la première à traduire en français l’intégralité des cahiers des journaux à partir des manuscrits. La traduction de Robert Kahn reste au plus près de l’écriture de Kafka, en préservant les litotes, la syntaxe, en « laissant résonner dans la langue d’arrivée l’écho de l’original ». Elle s’inscrit ainsi à la suite de ses retraductions remarquables des lettres À Milena (2015) et des Derniers cahiers (2017).
[à paraître 17/01] Kafka, trad. Robert Kahn — Journaux — Nous — 9782370840790 – 35 €
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FFranju, le 27/04/2020 à 00:27:46
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