Des élèves du lycée privé Notre-Dame de Kerbertrand ont eu le déplaisir de se voir proposée la lecture de Pour réussir ta vie sentimentale et sexuelle du Père Jean-Benoît Casterman. Le manuel, qui comporte des passages ouvertement homophobes et sexistes, a suscité la polémique sur les réseaux sociaux, poussant le directeur de l’établissement, Ghislain de Barmon, à présenter des excuses.

« Un document : pour tous les jeunes dès 12 ans, pour les parents et les éducateurs, à laisser traîner sur les tables, à partager avec ses amis, à répandre dans les familles, les groupes de jeunes, les collèges et lycées, les rassemblements. » La description de Pour réussir ta vie sentimentale et sexuelle publié aux éditions des Béatitudes – cela ne s'invente pas – en 2006 est pour le moins directe.
Diablerie, par ailleurs : si l'auteur est bien présenté sur le site de la maison, l'ouvrage y est plus difficilement trouvable. Or, son prosélytisme assumé semble avoir trouvé un écho dans l'établissement de Ghislain de Barmon, directeur du lycée catholique Notre-Dame de Kerbertrand dans le Finistère : l'ouvrage a été introduit dans les classes.
Le manuel fut en effet « laissé à la disposition des élèves » qui se sont rapidement indignés des propos tenus au fil des pages. Certains passages sont en effet particulièrement choquants, notamment en ce qui concerne la description de l’homosexualité.
Homos et minijupes
On peut par exemple lire : « L’homosexualité résulte souvent d’une évolution psychique marquée par l’influence excessive ou insuffisante du père ou de la mère dans l’enfance ; ou suite à des perversions d’adultes qui ont provoqué une attirance pour le même sexe, ou une peur de l’autre sexe. » Une affirmation qui fleure bon les années 50 et les meetings de la Manif pour tous.
Les filles et leurs tenues ne sont évidemment pas épargnées : « Microjupe, nombril à l’air, pantalon taille basse, string, décolleté vertigineux, dos nu — invitent à des suites voluptueuses. Tu passes pour une gamine frivole et disponible. Si on te drague, c’est ton problème. »
Après le mouvement #MeToo et les récentes manifestations féministes et LGBTQ, ces assertions deviennent insupportables aux jeunes générations. La polémique s’est donc mise rapidement à enfler.
Une petite hostie-lité
Comme le souligne l'AFP, les extraits ont rapidement circulé sur les réseaux sociaux, et notamment sur Twitter où des commentaires indignés n’ont pas tardé à fleurir. Devant la grogne, le chef de l’établissement a décidé de réagir : « Je ne partage par tout ce qui y est écrit et je n’ai plus d’idée arrêtée sur ces sujets », écrit Ghislain de Barmon sur la page Facebook du lycée, insistant sur le fait que l’ouvrage n’a jamais été directement distribué aux élèves.
Si le directeur souhaite calmer le jeu et admet que l’œuvre du Père Jean-Benoît Casterman est « cousue d’approximations, d’affirmations caricaturales, de mélange de psychologie et de spirituelle, d’erreurs », cette affaire interroge.
Comme le souligne le compte twitter Le coin LGBT +, l’ouvrage a dans les faits été introduit dans plusieurs établissements avant d’atterrir entre les mains des élèves de Notre-Dame de Kerbertrand. De la même façon, le livre n’est jamais distribué directement, mais « laissé à disposition des élèves ».
Ce manuel homophobe et misogyne a en réalité été distribué dans plus d'établissements que prévu (merci aux personnes qui ont témoigné) :
— Le coin des LGBT+ (@lecoindeslgbt) December 1, 2020
-Lycée Notre Dame de Kerbertrand (Quimperlé) cette année dans le cours d'éducation sexuelle et aux élèves qui s'embrassent dans la cour. pic.twitter.com/3Ndc8CWy4Y
Dans un article d’Europe 1 datant de 2017, on découvre ainsi qu’au lycée catholique Sainte-Croix de Neuilly, le livre avait été proposé à plusieurs classes. La direction de l’établissement, rapidement pointée du doigt, s’était, là aussi excusée pour s'éviter la mise à l'index, exprimant « ses plus vifs regrets à ceux qui se sont sentis offensés ou qui ont été choqués par cette brochure ».
Nous ne serions donc pas à l’abri que le manuel fasse de nouveau son chemin jusque dans les établissements : il reste rassurant de constater qu’élèves ou parents se sont systématiquement indignés à la lecture de ces propos. Alors que le Pape François lui-même s’est exprimé en octobre dernier en faveur des homosexuels au sein de la famille, la prose du Père Jean-Benoît Casterman mériterait d'aller coincer ailleurs la bulle – papale, va sans dire.