Retour sur les grands exemples qui ont fait l’histoire de l’édition. Ils avaient écrit un livre, croyaient fermement à son succès et l’ont présenté à des maisons d’édition, et ont essuyé de multiples déboires. Aujourd'hui, l'un des plus grands auteurs de science-fiction au monde, dont la fresque épique a essuyé des tempêtes. Pourtant, au centre de son univers, se trouve un planète de sable, où l'eau est une denrée rarissime, Dune.
Ryan Vaarsi, CC BY 2.0
Attention, livre culte. Quel amateur de science-fiction et de littérature américaine n’a pas entendu parler de Dune, la saga de Frank Herbert ? Certains l’ont lu, d’autres ne connaissent que le nom. Une chose est sûre, Frank Herbert a pris sa place – largement méritée – dans le panthéon de la Science Fiction. Ce qui n’était pas gagné d’avance. C’est à force de persévérance et de ténacité qu’il est devenu l’écrivain que l’on connaît.
Herbert commence à écrire très tôt, dès la fin de l’adolescence. Dans les années 1940, il parvient à faire publier quelques-unes de ses histoires dans des magazines, les fameux pulps, ces revues imprimées sur du papier bon marché. Il est aussi journaliste. Bref, il écrit beaucoup. En 1956, sa première œuvre d’ampleur reçoit l’approbation de la critique ; il s’agit du Dragon sous la mer.
Florence, Oregon
Dune trouve sa naissance un peu par hasard. Le plumitif qu’il est se rend à Florence, dans l’Oregon. Il doit faire un papier sur les dunes du coin. C’est une ville tranquille au bord du Pacifique. Allez savoir pourquoi, l’affaire le passionne. Il ne se contente pas de griffonner les quelques notes d’usage nécessaires pour composer un article. Il ne prendra même pas la peine de l’écrire. Il a vu quelque chose de plus grand.
Six ans plus tard, le livre, imposant, est achevé. Une revue accepte de le publier en deux parties. Les éditeurs classiques ne sont pas en revanche convaincus. Vingt d’entre eux refusent de publier le livre. Le salut viendra en 1965 d’une modeste maison de Philadelphie, Chilton Books. Cet éditeur a ceci de particulier qu’il se spécialise dans les magazines professionnels et les manuels d’utilisation – notamment comment réparer sa voiture tout seul… Ce n’est pas un antre de la littérature, loin de là. On lui verse 7 500 dollars de droits, autant dire une affaire pour la maison, étant donné le travail d’Herbert et le succès à venir.
Ce succès est d’abord critique. Herbert empoche le prix Nebula en 1965 et le prix Hugo en 1966. La réaction du public, pour l’instant, est encore un peu tiède. Herbert continue de bosser à droite et à gauche. Au début des années 1970, il trouve enfin la possibilité de se consacrer pleinement à l’écriture. Il signera alors cinq autres tomes de la saga Dune, entre 1969 et 1985 – dont le spectaculaire Empereur-Dieu de Dune.
Dune est non seulement un classique, c’est aussi un livre d’actualité. Il aborde en effet des thèmes précurseurs pour son époque tels la religion, l’écologie ou les structures politiques du pouvoir, et les difficultés de son exercice. Tous les spécialistes ont reconnu là un livre majeur. Le grand Arthur C. Clarke n’a pas tari d’éloges. Il dit n’avoir rien lu de comparable « mis à part le Seigneur des anneaux ». Plutôt sympa de la part de celui qui écrivit 2001 : L’Odyssée de l’espace.
Au cinéma, Dune a connu également quelques difficultés. David Lynch a mené à bien l’adaptation du projet en 1984. Une fois encore, l’accueil initial n’est pas au rendez-vous, surtout aux États-Unis. Mais, petit à petit, le film est reconnu. La patience est mère de toutes les vertus.
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Pour approfondir
Editeur :
Genre : science fiction...
Total pages : 832
Traducteur : michel demuth
ISBN : 9782266233200
Dune t.1
de Frank Herbert