AVANT-PARUTION – Quelque part, finement placé, entre Ken Loach et Charles Bukowski, on retrouve Alan Sillitoe. La langue, certes, les sujets aussi. L’écrivain britannique, décédé en avril 2010, reviendra sous les couleurs de la collection Lampe-tempête de L’échappée, pour la rentrée littéraire. Assez cool, pour un jeune en colère…

Durant les années 50, outre-Manche, se développe chez les créateurs un mouvement de contestation, qui sera désigné sous le nom d’Angry Young Men — référence à la pièce de John Osborne de 1956, Look Back in Anger (traduit par La paix du dimanche par Constance Coline, ed. du Laquet). Sillitoe fait partie de cette génération, contestant les faveurs sociales réservées aux élites traditionnelles.
Lui-même était d’ailleurs issu de la classe ouvrière…
Entre cynisme et vision désabusée, les personnages de leurs récits ne sont pas des enfants de chœur, plutôt des antihéros, dont la rébellion s’exerce contre l’etablishment dans son ensemble. C’est ici que prend place Alan Sillitoe. On se souviendra sans peine de La solitude du coureur de fond, adapté en 1962 au cinéma par Tony Richardson — le scénario était signé par l’auteur lui-même.
Du cinéma à la littérature, sans oublier la musique, Sillitoe aura inspiré toute une génération d’artistes. Eh bien, on retrouvera avec plaisir Samedi soir, dimanche matin, ouvrage épuisé depuis une trentaine d’années, assure l’éditeur. « J’suis qu’un vieux bouc qui veut baiser tout l’monde, et pourquoi ? Parce que tout le monde veut m’en faire autant. »
Œuvre majeure du groupe des « Angry Young Men » et de la littérature anglaise, Samedi soir, dimanche matin raconte avec une extraordinaire justesse les ravages du capitalisme industriel au sein de la classe ouvrière et la révolte quotidienne de ces rebelles désormais sans cause. Un roman culte, adapté avec succès au cinéma, qui a inspiré quantité d’artistes aussi divers que John King, Ken Loach, Madness, The Smiths ou encore les Arctic Monkeys.
Arthur Seaton a vingt ans, et sa vie à Nottingham semble déjà toute tracée dans cette Angleterre de l’après-guerre. Sa morne semaine est rythmée par les cadences infernales de l’usine. Arrive alors le week-end où il peut enfin se défouler et exprimer sa rage de vivre. Le samedi, en faisant la tournée de pubs où il noie sa détresse dans l’alcool. Le dimanche, en se réfugiant dans les bras de ses amantes et dans des parties de pêche en solitaire.
L'ouvrage est réédité avec une préface de Jacques Baujard, libraire à Quilombo (Paris).
[à paraître 18/10] Alan Sillitoe, trad. Henri Delgove – Samedi soir, dimanche matin – L’échappée – 9782373090628 – 20 €
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