Au Royaume-Uni, la tension est à son comble entre les éditeurs académiques et les universités. Les premiers vendent aux secondes des accès à leurs contenus numériques, mais les établissements réclament un geste de solidarité, en cette période de restrictions budgétaires due au coronavirus. Le maintien des tarifs actuels ne suffira pas, préviennent des organisations de bibliothèques.
L'épidémie de coronavirus n'a pas seulement porté atteinte à la santé publique : ses effets risquent d'être durables dans l'économie mondiale et les budgets des différents pays. Au Royaume-Uni comme ailleurs, les fortes dépenses de l'État en quelques mois laissent craindre une politique d'austérité particulièrement violente. De nombreuses bibliothèques universitaires appellent les éditeurs académiques à revoir leurs tarifs, pour maintenir l'accès à leurs contenus.
L'organisation Research Libraries UK, qui réunit les bibliothèques des universités et établissements de recherche, porte la voix de ses membres dans un message à l'attention des partenaires éditeurs : « Un gel des prix ne sera pas suffisant pour éviter aux chercheurs britanniques de perdre l'accès aux contenus académiques », indique la RLUK, soutenue par l'association professionnelle des bibliothèques académiques et de recherche (SCONUL).
« La pandémie a mis sous pression les budgets des universités », confirme Stella Butler, bibliothécaire de l'université de Leeds. « Dans la situation qui se profile, les bibliothèques vont devoir prioriser leurs dépenses. Les éditeurs devraient soutenir la recherche en réduisant les prix des revues, et non maintenir le niveau des bénéfices. Si les tarifs ne baissent pas, des annulations seront inévitables. »
En somme, assurent les professionnels, mieux vaut se serrer les coudes plutôt que perdre les abonnements de plusieurs universités. Plusieurs organisations ont d'ores et déjà formalisé la demande, en assurant qu'une réduction des tarifs de 25 % serait nécessaire, dans le contexte actuel.
Les coûts d'accès aux contenus publiés au sein de revues d'éditeurs académiques font depuis quelques années l'objet de discussions et polémiques : jugés trop élevés par les bibliothécaires, c'est tout un modèle économique et commercial qui se trouve régulièrement remis en question.
« Il serait particulièrement inopportun pour les éditeurs de maintenir des prix déjà trop élevés avant la crise », tranche ainsi Ann Rossiter, directrice de l'association professionnelle des bibliothèques académiques et de recherche. Les éditeurs sont invités à faire parvenir leurs propositions de tarifications pour l'année prochaine : ces dernières seront examinées par les organisations professionnelles début septembre.
Photographie : illustration, Saint Louis University Madrid Campus, CC BY-ND 2.0
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