Entre éditeurs et bibliothécaires, les questions relatives au prêt numérique sont toujours aussi clivantes, aux États-Unis. Les uns prônent la défense du droit d'auteur et la maitrise de la diffusion, quand les autres demandent un accès facilité et des coûts plus abordables. Dans l'État de Washington, le réseau de bibliothèques vient de déclarer un boycott général sur les livres audio d'un éditeur qui impose un embargo aux établissements de prêt.

Un réseau de bibliothèques de l'État de Washington, aux États-Unis, a décidé de protester d'une seule voix contre la mise en place d'embargo sur la disponibilité des livres audio numériques au sein des établissements de prêt. L'éditeur Blackstone Publishing a en effet annoncé 90 jours entre la publication d'un livre audio numérique et son apparition potentielle au sein des catalogues des bibliothèques américaines.
« Œuvrant pour une égalité d'accès de nos usagers, nous désapprouvons votre décision et, pour le montrer, nous boycotterons les livres audio de Blackstone pour une période de 6 mois », annonce le Washington Digital Library Consortium (WDLC), qui réunit 44 bibliothèques de l'État, rapporte Publishers Weekly.
Les bibliothécaires, dans un courrier expédié à la maison d'édition, assurent qu'ils vont faire part de leur décision et des raisons qui l'ont motivée aux lecteurs, mais aussi aux élus, de sorte que la pression sur l'éditeur soit plus importante. L'embargo ajouté par Backstone est d'autant plus dommageable pour les bibliothèques, qu'il s'explique par un partenariat avec Audible : la filiale d'Amazon impose à l'éditeur une exclusivité temporaire des titres.
Ou comment les intérêts des entreprises finissent par l'emporter sur la vie publique...
Un mouvement plus large
L'embargo de Blackstone survient au sein d'un mouvement plus large qui se fait sentir depuis des mois au sein de l'édition américaine : récemment, quelques éditeurs, notamment d'importants acteurs comme Hachette et Simon & Schuster, ont modifié les conditions relatives au prêt numérique dans les bibliothèques. Tarifs plus élevés, conditions plus restrictives ou embargo, les professionnels de la lecture publique dénoncent de nouveaux obstacles dans l'accès à la culture.
« Notre objectif n'est pas de porter atteinte aux revenus de Blackstone, mais de montrer l'importance des bibliothèques dans la découverte de nouvelles œuvres, ce qui peut influer grandement sur les revenus d'un éditeur à long terme. Et prouver la force de frappe des bibliothèques lorsqu'elles s'unissent pour servir les intérêts de leurs usagers », explique le WDLC.
Ces actions collectives pourraient bien se multiplier dans les mois à venir : les bibliothèques de l'État de Washington appellent leurs collègues à rejoindre le mouvement pour lui conférer une amplitude nationale. Et l'association des bibliothécaires américains (American Library Association, ALA) a d'ores et déjà prévenu l'édition qu'une campagne d'information des usagers était à l'étude, pour amener l'édition à négocier les conditions de prêt avec les établissements...
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