L’épidémie semble se calmer en Italie, qui enregistre pour la deuxième journée une diminution des nouveaux cas de coronavirus. Cependant, l’industrie du livre, déjà à l’heure des bilans, dresse un tableau apocalyptique. La crise sanitaire a frappé très durement la filière du livre, avec 61 % des éditeurs qui prévoient des licenciements.
La perspective fait froid dans le dos : 18.600 livres de moins à paraître et 40 millions d’exemplaires ne seront pas imprimés. La chute est vertigineuse. Le COVID-19 qui est venu à bout de la Foire du livre de Bologne ainsi que du Salon du livre de Turin — reporté sine die — avait frappé durement : début mars, l’Associazione italiana editori (AIE) évoquait des baisses de vente de l’ordre de 25 à 50 % suivant les régions.
« Nous sommes épuisés. Nous travaillons avec les forces politiques pour accéder à des fonds d’urgence immédiats, destinés à toute la chaîne d’approvisionnement et à des mesures propres à relancer le secteur », se désole Ricardo Franco Levi, président de l’AIE.
« Si l’on n’y parvient pas, les dommages culturels pour le pays seront très sérieux. »
Aux premiers chiffres, ajoutons 2500 ouvrages qui ne seront pas traduits : les premières données de l’Osservatorio montrent que l’année 2020 sera une calamité. Pire : après une année 2019 qui sortait enfin la tête de l’eau, cette rechute « fait du secteur du livre l’une des premières victimes économiques de l’urgence du coronavirus », reprend le président.
L’AIE demande au gouvernement d’intervenir pour aider l’interprofession à juguler l’hémorragie — mais surtout, de déployer un plan semblable à ceux envisagés pour les autres secteurs culturels. La fermeture des librairies a privé les éditeurs de leur premier canal de vente — d’autant que sur la période 2007-2018, le nombre de librairies est passé de 2344 à 2182.
Les chiffres prévisionnels communiqués en octobre indiquaient que les chaînes de librairies (souvent propriété de groupes éditoriaux) ont accaparé 45 % du marché, quand la grande distribution se ramasse à 7 %, et les librairies indépendantes ont perdu 11 points en regard de 2011. Elles représentaient alors 35 % du volume.
En parallèle, l’approvisionnement des vendeurs en ligne devient plus difficile : « Nous ne pouvons pas nous le permettre », poursuit le président, qui demande des actions immédiates.
Selon un premier sondage de ses membres, effectué le 20 mars, 61 % des maisons ont eu recours à des procédures de licenciement ou prévoient de le faire. Les nouveautés sont réduites de 25 % et 88 % des éditeurs expriment une vive inquiétude quant au devenir de leur activité. Une calamité alors que les huit premiers mois de l’année 2019 affichaient une hausse des ventes avec 5 % de chiffre d’affaires de mieux.
À cette heure, le Bel Paese a dépassé les 6000 morts, et voit le bout du tunnel de la pandémie — sans crier victoire trop tôt. Pour le ministre de la Santé Roberto Speranza, il importe plus que jamais de rester vigilants et attentifs.
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Black Bullet, le 25/03/2020 à 03:56:31
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