Entre les présidents de région qui menacent de priver les libraires des revenus liés aux manuels scolaires et la concurrence d’Amazon, les établissements sont malmenés. La pire difficulté rencontrée reste le showrooming : ces clients qui viennent, regardent et notent... pour acheter sur internet.
Une menace pour l’industrie, affirment les librairies, et dans le Guardian, cette pratique est dénoncée avec ferveur. On évoque le cas de la librairie Foutain, à Richmond (Virginie), qui s’est fendue d’un tweet ravageur :
We had a lot of "showrooming" today: people taking pictures of books and buying them from #Amazon in the store and even bragging about it. This is not ok, people.
— Fountain Bookstore (@FountainBkstore) December 16, 2018
Find it here.
Buy it here.
Keep us here.
That is all.
Kelly Justice a vu son message largement repartagé, à plus de 46.000 reprises : le soutien existe, mais pourquoi le comportement ne semble plus suivre ? Or, la conversation qui a découlé de ce tweet a vu s’opposer assez nettement ceux qui reconnaissaient l’insulte et la grossièreté et ceux pour qui il était légitime d’agir de la sorte.
Sian Cain, qui s’occupe de la rubrique livre du Guardian, apporte son propre témoignage : « Quand j’étais libraire, je voyais souvent des clients sortir leur téléphone pour prendre des photos des livres qui leur plaisaient. Certains ont eu la décence d'avoir honte de leur geste. » Et le plus malotru aurait pourtant l’audace de demander pourquoi le même ouvrage coûtait 2 £ de moins en ligne.
Et de souligner, avec un certain sens de l’image : « Au moins, si quelqu’un défèque dans votre boutique, il ne dit pas : “Regardez ce que vous m’avez fait faire.”. »
Dave Kelly, de la librairie Blackwell à Oxford, apporte de l’eau au moulin : « J’aimerais pouvoir crier sur les clients qui se comportent ainsi, et leur déballer la fiscalité, les auteurs, les petits éditeurs, mais notre philosophie est de les traiter avec tact et délicatesse, même lorsqu’ils agissent de manière aussi déplacée. »
Pour elle, le public saisira tôt ou tard les dommages causés « par les entreprises telles qu’Amazon aux petites structures et au secteur de la création. Et avec un peu de chance, les librairies seront toujours là pour fournir les livres qu’ils aiment. »
Lueur d’espoir – mais on se raccroche à ce que l’on trouve –, Claire Williams, de la London Review Bookshop, indique que certains clients viennent expliquer leur geste. Ils prennent des notes, plus facilement avec une photo, et assurent ne pas pratiquer le showrooming.
Conseil, écoute et prix unique
Bien entendu, une pareille pratique est rendue possible par l’absence de prix unique pour les livres au Royaume-Uni, ainsi que dans d’autres territoires. La France est assez enviée pour cette législation par laquelle les éditeurs peuvent fixer un prix de vente, avec une unique remise possible de 5 %, sous certaines conditions.
Si la pratique se répand dans l’Hexagone, c’est donc avant tout par manque d’information : un livre neuf coûte le même prix en librairie et sur internet. Cependant, la pratique du shoowroming découle d’une volonté de trouver le livre au prix le plus bas. À ce titre, l’offre d’occasion, où des livres sont présentés « comme neuf », tout en étant de seconde main, peut entretenir cette confusion.
Avec cette éternelle différence pointée entre Amazon et un libraire : le premier est incapable de trouver une réponse potable à une demande du type « je ne connais ni le titre ni l’auteur, mais il est sorti voilà trois mois et la couverture est bleue », conclut-elle.
Commentaires
Océane, le 06/01/2019 à 19:27:58
Répondre
Nathalie, le 07/01/2020 à 07:46:02
Répondre
Katim, le 16/01/2020 à 13:05:23
Répondre
Fred72, le 19/12/2018 à 21:41:44
Répondre
Christine, le 22/12/2018 à 19:04:59
Répondre
Un barbu, le 19/12/2018 à 23:05:59
Répondre
Lili34, le 19/12/2018 à 23:19:53
Répondre
Thoral Rul, le 20/12/2018 à 05:22:24
Répondre
Julie, le 20/12/2018 à 07:11:41
Répondre
Poster un commentaire