Ils avaient prévenu que le mouvement ne s’arrêterait pas en si bon chemin. Après avoir lutté bec et ongles, réunis derrière un hashtag #PayeTonAuteur, les auteurs se lancent dans un site, « pour prolonger la solidarité ». À l’initiative de la Charte et du SNAC BD, cet espace est ouvert à chacun.
« Jusqu’à aujourd’hui, Livre Paris, “le plus grand événement du Livre en France”, salon du SNE (Syndicat national de l’édition), syndicat composé donc de plus de 600 éditeurs, refusait de rémunérer les auteurs pour les plateaux, rencontres, interventions », reprend Samantha Bailly, présidente de la Charte.
Durant six jours, les réseaux se sont alors emparés de la question. #PayeTonAuteur est devenu une expression de ras-le-bol, de refus du mépris affiché, mais plus encore, de ce que les auteurs n’accepteraient plus : la promotion, qui, sous couvert d’une visibilité accordée aux artistes, permet de ne pas les rétribuer pour leurs interventions.
En fait je comprends pas #payetonauteur. En tant que graphiste, on m’a souvent proposé d’être payé en visibilité. Ce qui m’a permis de remplir mon frigo de visibilité pour me faire des gratins de visibilité et payé un loyer de visibilité pour un appart de visibilité
— Elessar (@ElessBomz), 5 mars 2018
« Ouvrir le site www.payetonauteur.com, c’est saluer la solidarité, remplir un devoir d’information vis-à-vis du public qui a su montrer son attachement aux auteurs, entériner l’existence de nouvelles formes d’expressions et de revendications et concrétiser l’engagement de soutien mutuel de la Charte et du SNAC BD », poursuivent la Charte et le SNAC BD dans un communiqué.
Pour lutter, donc, mais également pour démontrer que cette union — les blogueurs, youtubeurs, lecteurs et internautes sensibilisés avaient rejoint les rangs — peut soulever des montagnes. Ce fut un mouvement sans précédent, et Livre Paris a finalement plié, sur la décision du président de la manifestation, Vincent Montagne.
Simplement, bien des sujets restent encore des motifs d’inquiétude pour les créateurs : réformes sociales à venir, baisse des revenus...
« La mobilisation des auteurs a toujours été un défi. Le mouvement initié par la Charte et rejoint tout de suite par le SNAC BD, porté sur les réseaux sociaux ces derniers jours, marque ici une nouvelle étape dans le combat syndical, une autre mobilisation est aussi possible, plus adaptée à la singularité des auteurs souvent isolés géographiquement : nous venons de démontrer son efficacité » soulignent de leur côté Marc-Antoine Boidin et Christelle Pécout, vice-président·e·s du groupement BD du SNAC.
Les auteurs et illustrateurs jeunesse s’associent — ou s’allient — aux auteurs de BD pour faire entendre leur voix. La musique ne sera pas douce aux oreilles de tous.
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