Les déclarations de Jacques Génat auront mis le feu aux poudres. Depuis des jours, les différents membres de la chaîne du livre s’expriment sur le sujet de la rémunération à la présence lorsque les auteurs dédicacent avec le célèbre hashtag #PayeTonAuteur. La demande est simple : les auteurs veulent que leur temps de travail soit rémunéré…
crédit Denis Bajram
Mais qui mieux que les premiers concernés pour exprimer leurs revendications ? Outrés par les propos de l’éditeur, se sont rapidement déversés sur les réseaux sociaux dessins et tribunes provenant d’auteurs de BD et de littérature jeunesse. Les lecteurs n’ont pas non plus tardé à réagir, et à interpeller les pouvoirs publics.
Un tarif “signature” en vigueur
La couleur était pourtant annoncée à la journée de la Ligue des auteurs professionnels, où parmi bien d’autres sujets, les discussions avaient beaucoup tourné autour de l’année de la BD et de la rémunération à la présence lors des salons et festivals. Les auteurs jeunesse avaient éclairé les auteurs de BD sur la pratique dans leur propre secteur, avec les tarifs « signatures » de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, recommandation de la rémunération à la présence lors de tels événements, couramment appliquée.
À n’en pas douter, les auteurs, pris entre crise sociale et ras-le-bol généralisé, ont peu goûté les commentaires de l’éditeur.
Crédit Obion
« Il est essentiel que les auteurs et autrices soient remis à leur juste place. Il faut construire des garde-fous pour faire en sorte que nous ne soyons pas systématiquement la variable d’ajustement. Cela passe par des décisions des pouvoirs publics, bien sûr, mais aussi de la responsabilisation des festivals et des éditeurs. Cela passe également par nous, auteurs et autrices. Par une prise de conscience et une affirmation de notre valeur. »
Le bras de fer semble inévitable, et la nécessité de l’intervention des pouvoirs publics très attendue.
De la place de l'artiste auteur, ou la chaise musicale ?
Dans les déclarations du ministre de la Culture dans Le Monde, on peut y lire une prise de position claire : « Autre exemple, dans les territoires, pour les politiques de structurations de lieux innovants, il faut systématiquement se dire : comment les auteurs seront rémunérés ? L’accès à la culture, la démocratisation, c’est très bien et c’est une priorité, mais si, derrière, il n’y a plus d’artistes pour créer et transmettre, ça perd tout son sens », assurait Franck Riester.
Il évoquait également la situation de précarité où se retrouvent certains aujourd’hui. « Par exemple, les auteurs de BD sont souvent dans une situation sociale catastrophique, voire d’indignité pour certains. Ce n’est pas acceptable. »
Des déclarations qui peuvent réjouir. Mais comment se traduiront-elles concrètement ?
Crédit Emmanuelle Zicot
Et d’ajouter : « Au contraire, les déclarations d’éditeurs, d’organisateurs de salon ou de libraires se lavent les mains de ces problèmes se multiplient, dans une sorte de moment de vérité. (...) Tout le reste de la chaîne du livre à l’air de considérer que, si elle doit légitimement en vivre, elle n’a pas payé à son juste prix la ressource initiale. C’est un choix qui ne peut que se retourner contre elle. Si la chaîne du livre n’offre plus aux créateurs et créatrices la possibilité de vivre de leur art, cela veut dire qu’ils n’ont plus aucune raison de ne pas reprendre le contrôle de la ressource, et de l’exploiter librement et sans intermédiaire. »
Vraie question parce que j’ai vu passer cette idée par ci par là depuis hier (zéro ironie) : il y a vraiment des gens qui pensaient que les auteurs étaient payés pour faire leurs heures de dédicaces dans les festivals ? https://t.co/wTXCTuA6lm
— Pélénope Bagieu (@PenelopeB) July 4, 2019
Aucun doute, #Payetonauteur est de retour. Tout le monde se souvient : Livre Paris a fini par plier après le soulèvement des auteurs, qui se sont solidarisés autour d’une même demande.

Crédit Sylvain Frécon