Le romancier Louis-Ferdinand Céline fait les frais d'une commémoration inscrite dans les tablettes du calendrier officiel de cette année, qui lui attire de violentes critiques.

Hommage ? Dommage...
Dans ce livre, on trouve mentionné l'hommage qui doit être rendu à la mémoire de Céline, le 1er juillet prochain - à l'occasion du cinquanternaire de la mort de l'écrivain.
Pour l'association Fils et filles de déportés juifs de France (FFDJF), que président Serge Klarsfeld, cette célébration est une honte. Dans un communiqué, ce dernier réclame de toute force « le retrait immédiat de ce recueil et la suppression dans celui qui le remplacera des pages consacrées à Céline ».
La notice rédigée par Henri Godard, professeur émérite de la Sorbonne explique : « Doit-on, peut-on célébrer Céline ? Les objections sont trop évidentes. Il a été l'homme d'un antisémitisme virulent (...) Mais il est aussi l'auteur d'une oeuvre romanesque dont il est devenu commun de dire qu'avec celle de Proust elle domine le roman français de la première moitié du 20e siècle », rapporte l'AFP.
Mais l'association, tout d'un bloc, de risposter : « A ceux qui s'offusqueraient de cette exigence, nous répondons qu'il faut attendre des siècles pour que l'on célèbre en même temps les victimes et les bourreaux. » Or, le fameux recueil doit être présenté à la presse ce vendredi par Frédéric Mitterrand.
Une situation délicate à gérer
Le Haut comité est sous la tutelle des Archives de France. Une institution bien institutionnelle. Or, si le passé de l'homme Céline est bien sombre, de par des actes collaborationnistes et des paroles antisémites, reste que l'écrivain a marqué la littérature française avec un style inédit jusqu'à lors.
Philippe Régniez, directeur des Éditions de la reconquête, qui avait publié un des pamphlets de Céline, en octobre 2008, le clamait : « Céline est sans conteste l'un des auteurs les plus importants du 20e siècle, cependant un tiers de son œuvre est mise sous le boisseau. » (voir BibliObs) Et de souligner l'indissociabilité des oeuvres littéraires de l'écrivain de ses pamphlets, tout antisémites soient-ils. Quitte à faire de la peine à certains.
Cependant, pour le FFDJF, pas de concessions : « La République doit maintenir ses valeurs : Frédéric Mitterrand doit renoncer à jeter des fleurs sur la mémoire de Céline, comme François Mitterrand a été obligé à ne plus déposer de gerbe sur la tombe de Pétain. »
Voltaire, cet antisémite que l'on ignore ?
Contacté tardivement par la rédaction, Mikael Hirsch, est auteur du Réprouvé, un livre racontant une journée fictive dans la vie de son grand-père, qui doit se rendre justement chez Céline, pour lui porter ses émoluments venant de la maison Gallimard, réagit vivement.
L'indignation semble bien être la valeur indépassable de notre époque, permettant mise en demeure et tracasseries judiciaires, quand l'autocensure et la peur de déplaire n'ont pas encore fait leur travail d'assainissement.
C'est la terreur qui règne. On pourrait froisser. Je ne me souviens pas qu'on ait censuré Voltaire, pourtant antisémite convaincu, du programme des écoles et d'ailleurs, s'il fallait véritablement expurger l'antisémitisme de la littérature française, la Bibliothèque Nationale n'y survivrait pas.
Ces tentatives de plus en plus nombreuses de soustraire la parole avant même qu'elle n'ait porté me semblent tout à fait contraires à l'idée de débat contradictoire et par conséquent de démocratie. Je me refuse à vivre dans un pays animé par la seule pensée dominante, fût-elle de la justice, ou de l'idée qu'on s'en fait.
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