C'est un fait de plus en plus connu, fruit de nombreuses recherches en la matière : l'amour de la lecture des enfants provient directement de celui des parents. En Allemagne, une étude s'est penchée sur les raisons qui expliquent pourquoi des parents renoncent à une séance de lecture à voix haute aux côtés de leur progéniture.
Le 28/10/2020 à 12:29 par Antoine Oury
Publié le :
28/10/2020 à 12:29
La fondation allemande Stiftung Lesen s'est intéressé aux parents qui ne lisaient pas de textes à voix haute à leurs enfants : ils sont 32 % au sein de la population, à en croire un sondage mené auprès de 528 parents d'enfants âgés de un à six ans. Pour affiner l'échantillon, les réponses prises en compte sont celles des parents qui ne lisent pas à voix haute plus d'une fois par semaine.
Première observation, parmi les profils observés, on note une proportion plus importante, comparé à la population allemande totale, d'individus avec un faible niveau d'éducation, de parents isolés (père ou mère) et d'individus issus de l'immigration.
68 % des enfants de ces 528 parents possèdent un maximum de 10 livres, dont 13 % qui n'en possèdent pas du tout. À ce titre, 57 % estiment qu'il serait souhaitable que les enfants reçoivent « régulièrement des livres, par exemple à la garderie, à l'école, chez le pédiatre, dans les magasins » et 42 % que l'offre de livres dans les supermarchés soit plus fournie, sans doute pour combiner les achats alimentaires et celui d'un ou plusieurs livres.
57 % des parents dont la langue principale est différente de l'allemand soulignent aussi qu'il serait aussi approprié « que des films et des livres dans leur langue principale soient disponibles dans les bibliothèques et librairies », selon le sondage.
Une majorité de parents indique toutefois que le livre reste assez accessible, d'une manière générale.
Une bonne moitié des parents interrogés indique qu'il est difficile de prendre le temps d'une lecture à voix haute face aux tâches ménagères et autres obligations : 47 % admettent qu'ils sont souvent trop fatigués pour se livrer à une séance de lecture.
À ce titre, 48 % comptent sur d'autres personnes pour assurer les lectures à voix haute, notamment la garderie ou l'école, quand 13 % se reposent sur les efforts de leur partenaire.
Une moitié des interrogés (49 %) admet ne pas aimer lire à voix haute : 42 % n'aiment pas « faire l'acteur », 36 % sont agacés par les interruptions de leur enfant, 34 % n'aiment pas entendre leur voix et 27 % déplorent que l'activité dure trop longtemps (« Parce que mon enfant en voudra toujours plus et ça n'en finira jamais. »). 44 % estiment que leur enfant est trop turbulent, 31 % que leur enfant refuse la lecture et 12 % qu'il dort déjà lorsqu'ils rentrent à leur domicile.
Des difficultés de lecture des parents viennent parfois les priver de ce moment de partage avec leur enfant : ils sont 28 % à expliquer qu'ils ne lisent pas bien à voix haute, 15 % qu'ils ne lisent pas bien du tout.
Si 25 % des interrogés estiment que la lecture n'est plus d'actualité, au profit des nouvelles technologies, et 27 % que la lecture à voix haute n'est pas indispensable, ils sont 50 % à assurer vouloir lire plus à leur enfant.
La principale observation de l'étude concerne la reproduction d'un certain schéma de non-lecture : « La moitié des parents qui n'aiment pas lire à voix haute n'ont eu aucune expérience de lecture à la maison dans leur propre enfance. Ils ne pensent pas que la lecture est possible à tout moment et n'importe où, sans pratique particulière », relève Jörg F. Maas, directeur général de la fondation. « C'est pourquoi nous devons combattre les idées reçues et les inhibitions, pour montrer aux parents que lire à voix haute est possible dans toutes les familles. »
Relevant un certain déclin mondial de la lecture, l'Union internationale des éditeurs avait recommandé de maintenir le lien avec le livre, à tous les âges de la vie, sans favoriser un genre ou une pratique en particulier.
via Boersenblatt
Photographie : illustration, John Morgan, CC BY 2.0
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