On le dit, on le répète, mais le message passe mal : « Sans auteurs, pas de livres. » Et pourtant, à moins d’une semaine des États généraux, les différents interlocuteurs des ministères impliqués restent muets : Culture, Économie, Solidarité et Santé n’ont toujours pas daigné confirmer leur présence alors que les auteurs font preuve d’une mobilisation et d’une solidarité encore jamais vue.
Initié par le Conseil Permanent des Écrivains, ces États généraux du livre doivent poser les bases d’une réflexion profonde sur le statut des auteurs. « Nous avons perdu 0,95 % de pouvoirs d’achat et aucune concertation n’est en vue », déplore Samantha Bailly, vice-présidente du CPE et présidente de la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse.
« Ce que nous réclamons aujourd’hui, c’est une transparence des informations, des travaux communs et la rénovation de notre statut. Nombre d’auteurs ont été plongés dans de véritables drames sociaux depuis les modifications apportées », poursuit-elle.
La réforme du statut social impliquerait des pertes financières significatives, comme le relèvent les États généraux. Or, depuis septembre 2017, un courrier émanant des services du ministère de la Culture promettait pourtant « une offre de service adaptée et totalement dédiée aux artistes auteurs, qui permettra de mieux répondre à leurs spécificités ». On en est loin.
Pour faire entendre leur voix, les auteurs ont enclenché une pétition, signée à ce jour par plus de 23.000 personnes. « Il faut comprendre que le projet actuel de réforme ne tient pas compte des spécificités de notre métier. Mais plus encore, aucune concertation ne permet d’aborder les problématiques que nous rencontrerons », continue Samantha Bailly.
« Au pays de l’exception culturelle, en somme, on force les auteurs à entrer dans une case administrative, plutôt que de trouver une solution réelle, avec notre consentement. Les auteurs cotisent pourtant comme les autres actifs, mais, manifestement, ne méritent pas de bénéficier de cette exceptionnalité culturelle. »
Plus encore : la hausse de la CSG devait entraîner une compensation, annoncée en grande pompe par la rue de Valois fin novembre 2017. « Ce dispositif ne sera pas une subvention destinée à s’acquitter de la cotisation vieillesse de base, mais bien une mesure de garantie du pouvoir d’achat », indiquait le ministère. Quelque chose s’est bien passé, mais soulève plus de colères encore.
Une réforme qui s’ajoutait déjà à celle de la retraite, passablement complexe et douloureuse, mais désormais le prélèvement fiscal à la source, rend l’ensemble plus kafkaïen. Auparavant, les auteurs étaient prélevés à partir d’un certain montant : cette modification aura pour conséquence directe de « réduire des droits déjà parcellaires », note la vice-présidente.
Le fait est, cependant, que la force du collectif se fait sentir : ils sont nombreux, auteurs de renom et best-sellers ont massivement répondu à l’appel, apportant leur nom à la pétition. Suffisamment pour inciter Françoise Nyssen, ministre de la Culture, à finalement recevoir les organisations d’auteurs.
Bonjour, #payetonauteur . @LeCNL finance les États généraux et sera présent. Comme le @MinistereCC . @FrancoiseNyssen est à l'Assemblée ce jour-là pour le texte fake news, mais elle recevra les auteurs ce jeudi à 19h50. Nous sommes mobilisés. Amitiés. @CharteAuteurs @SNACBD
— vincent monadé (@vincentmonad) 15 mai 2018
« Aucune parole ne nous apaisera : ce que l’on demande, ce sont des avancées concrètes et réelles, trouvées avec notre participation. S’il faut lancer des grèves dans les salons, nous y sommes disposés : les auteurs ont appris à faire corps comme une même profession. Et le mépris auquel nous faisons face ne fait que renforcer cette cohésion », conclut Samantha Bailly.
On pourra retrouver la pétition à cette adresse.
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