Retrouver l’ouvrage d’Adolf Hitler dans les rayonnages de grandes surfaces culturelles, voilà qui interroge toujours. À quelques centaines de kilomètres d’intervalle, la Fnac se fait doublement pointer du doigt. Pas de jugement, mais quelques interrogations...
vendeur de livres de rue à Naples - ActuaLitté, CC BY SA 2.0
Voilà quinze jours, un professeur d’histoire avait mis les pieds dans le plat : Mein Kampf, vendu à la Fnac de Grenoble, c’est légal, d’accord, mais moralement ?
Mein Kampf en vente @Fnac de Grenoble...
— Frédéric Sallée (@fred_sallee) September 10, 2018
En Allemagne, une version annotée par des historiens de l’IfZ est à disposition.
En France, pendant que le débat sur la pertinence d’une réédition critique demeure, le pamphlet brut, dans sa version de 1934, circule tranquillement. pic.twitter.com/t6XKHDyMZj
À France TV Info, il expliquait : « La version proposée par la Fnac est l'édition française de 1934. C'est le texte brut d'Adolf Hitler, sans aucun travail critique d'historien. Il y a seulement un petit avant-propos, obligatoire depuis 1979, quelques pages qui informent le lecteur de ce qu'il va trouver dans le livre et expliquent juste que les propos de Mein Kampf sont incompatibles avec la République. »
Car c’est bien la question du positionnement du livre dans le lieu de vente qui interroge : juste à côté d’ouvrages traitant de l’Histoire, le choix éditorial de Fnac devient assez délicat à comprendre. Fnac s’était d’ailleurs défendu en arguant de son obligation à « mettre à disposition du public tout ce qui n’est pas interdit par la loi ». Pas de censure possible donc.
En réalité, la loi sur le prix unique du livre impose au libraire de répondre à une demande formulée par un client : à aucun moment la législation n’impose de faire des mises en avant aussi grossières...
Or, c’est le même type de froncement de sourcils qui s’opère quand le secrétaire d’État flamand en charge de la Migration (Belgique), Theo Francken, s’agace passablement sur Twitter. En effet, sur un présentoir d’une Fnac outre-Quiévrain, son dernier ouvrage est sur l’espace Nouveautés. Placé entre le livre de Bob Woodward sur Trump et... Mein Kampf, derechef.
. @FnacBelgie euhm, is dit normaal? pic.twitter.com/NK2kv4cyMp
— Theo Francken (@FranckenTheo) September 30, 2018
« Euhm, Fnac, est-ce que c’est normal ? » lance-t-il sur Twitter, avec en suivant #répugnant. Une bien étrange association encore une fois...
Dans ce cas de figure, c’est possiblement un message politique que fait passer l’enseigne : Theo Francken est membre du parti nationaliste flamand N-Va. En 2014, il s’était rendu à l’anniversaire d’un ancien activiste pro-nazi, et fondateur de la milice d’extrême droite VMO. À plusieurs reprises, il s’était défendu de toute idée extrémiste ou raciste.
Manifestement tout le monde n’est pas convaincu...