En déplacement à Erevan, en Arménie, pour le 17e Sommet de la Francophonie, le président de la République a prononcé un long discours sur la langue française, sa pluralité et sa diffusion dans le monde. Emmanuel Macron n'a pas pu s'empêcher, au passage, de promettre l'organisation d'un « congrès des écrivains de langue française ». Une annonce cosmétique, s'il en est.

À Erevan, devant le Premier ministre d'Arménie, Emmanuel Macron a prononcé un discours saluant le lien entre la France et le pays du Caucase. Après l'évocation de Charles Aznavour, incontournable, le président de la République s'est ensuite attaché à décrire le français comme « une langue de création ».
À ce titre, indique-t-il, les 84 pays de la Francophonie doivent « s'emparer de ce combat essentiel qui est celui des auteurs et du parcours entre les langues ». « [J]e plaide pour que nous puissions organiser un congrès des écrivains de langue française, sur le modèle de ce que font nos amis hispanophones. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela n'a jamais été fait en 50 ans. Ce congrès devrait réunir les grands écrivains, les grands éditeurs, tous ceux dont le métier est la langue, dans tout l'espace francophone », précise Emmanuel Macron.
Selon le président, ce congrès « devrait remettre les auteurs au centre, prendre acte du changement de statut du français, qui n'est plus simplement la langue de la France, et du rôle majeur de tous les continents dans la création littéraire ».
Emmanuel Macron a pris soin de précise que l'idée de ce congrès était soutenue par Leïla Slimani, sa « représentante personnelle pour la francophonie » et la ministre de la Culture Françoise Nyssen, qui avait d'ailleurs perdu au passage un peu de son influence sur ces questions.
Malgré cette volonté affichée, difficile de convaincre, pour Emmanuel Macron et sa politique culturelle : côté francophonie, ses mesures sont particulièrement critiquées, y compris par une des grandes voix de la francophonie, Alain Mabanckou, qui avait préféré décliner une proposition du chef de l'État en exposant ses motivations. D'autres propositions, comme les États généraux de l'édition ou le Parlement des écrivaines francophones, des événements créés dans le sillage d'un précédent discours de Macron sur la francophonie, peinent à convaincre.
Du côté des auteurs, difficile de découvrir le discours d'Emmanuel Macron sans amertume : « Le combat pour les auteurs, pour les idées est le plus beau qui soit », déclare le président, oubliant que son propre gouvernement est régulièrement interpelé par les auteurs français sur des questions comme la compensation de la hausse de la CSG, la paupérisation de la profession ou encore l'absence de véritable statut pour les écrivains. Et ce, sans fournir de réponses claires.
Enfin, on s'amuse déjà, du côté des auteurs, des renoncements à venir dans les annonces et hommages du président de la République : à la Foire du Livre de Francfort, en 2017, Macron avait ainsi salué avec emphase le travail des traducteurs, promettant un « Grand Prix de la Traduction ». Lequel se fait toujours désirer.