PORTRAIT – Né en 1931 à Leers, dans le Nord, Louis-François Delisse passa son enfance à Roubaix, à laquelle il restera très attaché. Très vite remarquée, son œuvre Soleil Total, parue en 1960 est marquée par l’Afrique (où il vient de passer vingt ans) et saluée par de grands poètes comme René Char, Henri Michaux ou Raymond Queneau.
Le 24/08/2017 à 08:26 par Auteur invité
Publié le :
24/08/2017 à 08:26
Jean-François Delisse, DR
Il partit pour Paris dans les années 1980.
Le poète est décédé dans la nuit du 6 au 7 février, à l’âge de 85 ans à l’Hôpital Charles-Foix d’Ivry. On ne reviendra pas sur son parcours de « maudit » sans cesse éclipsé puis redécouvert, son compagnonnage toujours enthousiaste – du début des années 50 jusqu’au milieu des années 80 – avec les meilleurs peintres du Nord, avec lesquels il fréquenta la galerie Dujardin (1905-1980) de Roubaix ou l’atelier de la Monnaie de Lille, avant son départ pour le Niger en 1955, ses brefs allers-retours en France entre-temps, et son retour forcé et définitif en 1975.
Parmi tous les artistes qu’il a bien fréquentés et avec lesquels il a même collaboré, illustrant de ses poèmes, tableaux ou assiettes, citons : son cousin-peintre et « Gémeau » Jacky Dodin, Arthur Van Hecke, Eugène Leroy, Eugène Dodeigne, Jean Brisy, Jean Parsy, Marco Outtier, Lyse Oudoire, Charles Gadenne, Jean Roulland et Louis Nahi, les deux derniers artistes-témoins de cette effervescence-là, et un peu plus tard Mahjoub Ben Bella.
Il convient d’évoquer aussi ici la confrérie fidèle de ses amies et amis, poètes, éditeurs, revuistes ou non, d’hier et d’aujourd’hui, qui ont accompagné son parcours en poésie à différents moments clés de son existence et qu’il évoquait souvent, avec ferveur, dans sa voix ou dans sa correspondance : Albert Béguin, Albert Derasse, André Marissel, Guy Lévis Mano, René Char, Henri Michaux, Jimmy Gladiator, Guy Ferdinande, Pierre Peuchmaurd, Anne-Marie Beeckman, Michel Valprémy, François Leperlier, Jacques Josse, Cécile Odartchenko, Charles — Mézence Briseul, Françoise Favretto, Jean-Yves Bériou, Yvar Ch’Vavar, Marie-Odile Gain d’Enquin, Jean-Pierre Paraggio, Laurent Albarracin, Julien Stark, Anne-Marie Pédezert...
La mort, Louis-François Delisse la défiait depuis longtemps, très présente, dès le début déjà, dans sa poésie dionysiaque « noire et blanche » – où Éros et Thanatos ont toujours fait jeu égal – comme chez Alain Borne ou André Laude, par exemple.
Jusqu’au bout, Louis-François Delisse aura évoqué, adoré la poésie, son « seul dieu », et crié plus fort « devant les poubelles et le cercueil », « merde à la mort qui mord et pue » tout en embrassant et en embrasant l’existence sous toutes ses formes et en laissant une œuvre forte, non consensuelle, « brûlante et éclatante » comme l’écrivit Laurent Albarracin, son parfait « biographe ».
François-Xavier Farine
Louis-Françoise Delisse : présentation et choix de textes par Laurent Albarracin Édition des Vanneaux, coll. Présence de la poésie n° 7, 2009
264 PAGES – 15 €
en partenariat avec le CRLL Nord Pas de Calais
Commenter cet article