Fermées au public pendant deux mois, les bibliothèques françaises se remettent doucement de la crise sanitaire liée au coronavirus, mettent en place des services de retrait de commandes, et préparent le retour progressif des usagers dans les locaux. Malik Diallo, président de l'Association des directrices et directeurs des bibliothèques municipales et groupements intercommunaux des villes de France (ADBGV), revient avec nous sur les enjeux de la période.

ActuaLitté : L'ADBGV a-t-elle des données sur les situations des établissements de prêt français pendant le confinement ? (volume d'agents en ASA, mise en place de services comme le portage ou le drive...)
Malik Diallo : Nous ne disposons pas à ce stade de statistiques précises, mais la tendance est l'ouverture de beaucoup de services « drive », qui se mettent en place progressivement depuis le 11 mai.
Quelle est la position de l'ADBGV sur le plan de réouverture mis en œuvre par le gouvernement pour les bibliothèques ?
Malik Diallo : Nous sommes en accord avec le document « Aide pour la reprise d'activité et la réouverture au public des bibliothèques territoriales », qui est issu du travail concerté entre associations professionnelles et Ministère de la Culture.
Si l'annonce fin avril de réouverture possible des bibliothèques dès le 11 mai a au départ surpris, le travail en concertation a permis d'élaborer une réouverture progressive des services dans la majorité des bibliothèques. Le point positif de cette chronologie, c'est d'avoir souligné l'utilité politique, sociale et culturelle des bibliothèques, leur rôle moteur et de proximité dans une approche de la culture au quotidien. Mais nous pensons que ce rôle-là ne peut être effectif que dans un cadre de confiance, tant pour les usagers que pour les personnels. D'où l'idée d'avancer progressivement, en rouvrant les bibliothèques d'abord par les contenus, accessibles à distance.
Ces services à distance sont les seuls qui ont pu être maintenus pendant le confinement. Certains publics les ont découverts à cette occasion. Nous avons constaté une augmentation énorme (4 à 500 % en moyenne) de leur fréquentation).
La prochaine étape sera maintenant de rouvrir les lieux : ils sont essentiels comme outils d'appropriation culturelle, de la simple lecture aux pratiques collectives. Pour dépasser la seule fonction limitée de « banque de contenus », qu'il est possible de rendre par le drive, l'ouverture du lieu doit aller au-delà d'une simple ouverture de porte avec accès limité aux étagères. Comment ouvrir un lieu qui soit vraiment social, c'est-à-dire invite à aller et venir en liberté, à discuter, à créer du contact, du faire ensemble et de la convivialité, quand ce sont précisément ces aspects qui ont été malmenés par les exigences sanitaires ? C'est ce sur quoi nous travaillons, pour offrir des espaces à haute valeur ajoutée et expérience culturelle, même en période de crise.
Quelles sont les difficultés rencontrées par les directeurs pour préparer la phase 2 du plan de réouverture ?
Malik Diallo : Nous travaillons actuellement à la préparation de cette phase, avec l'ensemble des associations et le Ministère, notamment pour aider à définir des jauges maximales de fréquentation, permettant de garantir le respect des distanciations physiques recommandées. Il s'agit aussi de « prioriser » les usages, en tenant compte des contraintes sanitaires et des besoins de la population. Par exemple, nous cherchons des solutions pour proposer au public des accès aux outils informatiques, aux connexions internet. C'est un usage important des bibliothèques.
BIBLIOTHEQUES: comment rouvrir
dans les grandes villes ?
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Les difficultés rencontrées en ce moment sont, comme dans beaucoup de secteurs, la création rapide de nouveaux services, la mise en œuvre des conditions nécessaires à la reprise du travail : équipements, ménage, organisation du temps de travail en présentiel et du télétravail, lien avec les équipes...
Comment garantir une égalité entre les agents et les établissements, dans la mesure où la collectivité est responsable, y compris financièrement, des moyens fournis aux agents pour assurer leur sécurité ? Toutes les collectivités pourront-elles assumer ces dépenses, et ces dernières ne risquent-elles pas d'entamer les budgets des établissements ?
Malik Diallo : Pour ce qui est de la visibilité budgétaire, la période est en effet assez floue et s'annonce difficile dans les collectivités.
Des aides du Ministère de la Culture devraient permettre en partie de soutenir les budgets des établissements, en apportant un concours financier pour les acquisitions notamment ; ce qui permet aussi de soutenir le réseau des librairies, auprès desquelles les bibliothèques se fournissent. Un exemple parmi d'autres qui montre également que la vitalité des bibliothèques est aussi un outil de vitalité économique pour ses partenaires de la chaine du livre, de la médiation et de la création artistique.
Il nous faudra aussi continuer de démontrer l'utilité sociale et aussi plus généralement de contribution des bibliothèques au bien-être de la population. En ces temps de sortie progressive de crise, c'est loin d'être anecdotique : après une telle rupture de liens que constituent le confinement et la crise, nous avons tous besoin de ressouder ces liens. Les acteurs culturels et les bibliothèques sont un des outils pour cela.
Photographie : Bibliothèque Louise Michel, Paris (photo d'illustration, bibliothèque Louise Michel, CC BY 2.0)
Commentaires
NAUWELAERS, le 25/05/2020 à 19:48:59
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nathalie, le 26/05/2020 à 08:33:50
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Medelea, le 02/06/2020 à 10:51:56
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Marthe, le 27/05/2020 à 00:46:00
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Aurélien, le 26/05/2020 à 09:23:14
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Velay, le 26/05/2020 à 10:38:39
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NAUWELAERS, le 26/05/2020 à 10:44:07
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Aurélien, le 26/05/2020 à 11:48:33
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Lucie, le 26/05/2020 à 14:50:37
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VELAY, le 26/05/2020 à 15:08:33
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VELAY, le 26/05/2020 à 15:10:19
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L'Ivresque, le 26/05/2020 à 16:21:17
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