Arrêtée le 31 juillet dernier au Zimbabwe pour avoir participé à une manifestation, l’autrice Tsitsi Dangarembga devrait comparaitre ce mercredi pour « intention d’inciter à la violence publique ». Devant cet abus judiciaire, des auteurs se mobilisent et appellent à l’abandon des charges contre l’écrivaine.
Le 07/10/2020 à 12:21 par Gariépy Raphaël
Publié le :
07/10/2020 à 12:21
Peu après la sélection de son roman par le Booker Prize, l’écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga était arrêtée alors qu’elle participait à une manifestation anticorruption à Harare, la capitale du pays. Libérée sous caution le lendemain, elle devait comparaitre le 18 septembre devant le tribunal. L’audience a été retardée à deux reprises, avec une nouvelle date fixée à ce mercredi 7 octobre.
L’autrice avait été incarcérée pour être sortie de chez elle alors que les habitants de son quartier avaient reçu l’ordre de rester chez eux. Elle avait également posté une série de tweets à caractère politique, affirmant notamment : « Si vous voulez que votre souffrance cesse, vous devez agir. L’action vient de l’espoir. »
Pour l’auteur et président du PEN anglais, Philippe Sands, Dangarembga a « le droit d’être une manifestante pacifique, de rassembler et d’exprimer ses opinions, sans crainte d’être arrêtée ou persécutée ». Les accusations « d’intention d’inciter à la violence publique » et sa comparution devant un tribunal serait un « scandale ».
À la voix de Philippe Sands s’ajoutent celles de Kazuo Ishiguro, Sebastian Barry, Eimear McBride et Mario Vargas Llosa. Stephen Page, le directeur de Faber, la maison d’édition de Dangarembga, s’est également exprimé pour réclamer son acquittement.
La poétesse et dramaturge Carol Ann Duffy a de son côté exhorté l’ambassadrice britannique Melanie Robinson à transmettre d’urgence les vœux de cette coalition d’auteurs au gouvernement du Zimbabwe. « La manifestation pacifique est un droit de l’homme et, en particulier dans les circonstances où il faut du courage pour l’exercer, nous devons tous contester sa suppression », a-t-elle déclaré.
Tsitsi Dangarembga devait originellement comparaitre le 18 septembre dernier, mais son rendez-vous judiciaire a finalement été repoussé à deux reprises, le procureur étant absent. Un manque d’efficacité dans la répression que l’autrice analyse comme un symptôme de la mauvaise la gestion du pays : « Le changement au Zimbabwe est un défi de taille, mais il est nécessaire, sinon le pays deviendra un autre “État en échec chronique” qui ne se rétablira pas à cette époque. Nous gaspillons notre potentiel. »
Particulièrement reconnue outre-Manche, Tsitsi Dangarembga est notamment l’auteure de Nervous conditions (À fleur de peau, trad. Étienne Galle, Albin Michel) listé par la BBC comme l’un des 100 livres qui ont façonné le monde. Son dernier ouvrage, This Mournable Body, figurait dans les 13 titres retenus dans la liste du Booker Prize, récompense britannique de premier ordre.
Une nomination que l’écrivaine accueillait comme un « moment lumineux dans ma vie, à un moment où tout est sombre ».
Via The Guardian
Crédit photo : David Clarke, Ayebia, CC BY-SA 3.0
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