La maison d’édition danoise Gyldendal vient d’annoncer le décès de l’un de ses auteurs les plus prometteurs, Yahya Hassan. Le directeur de la maison, Simon Pasternak rappelle que son premier recueil éponyme était paru en 2013. Un ouvrage qualifié « d’événement résolument littéraire », ou encore « un livre qui brûle les mains ».

Yahya Hassan aura eu 24 ans. « Après tout, ce n’est rien, mais c’est un désastre », explique Simon Pasternak sur Insta. « Je le connaissais depuis qu’il a 16 ans, ce garçon brillant à l’énorme talent. »
Tout à vif, explique l’éditeur, le poète « a insisté pour avoir sa propre voix, défendre son territoire, trouver sa propre place, malgré ce que les gens pensaient ».
La police d’Aarhus, deuxième plus importante du pays, était intervenue ce mercredi dans la nuit pour constater la mort d’un jeune homme, apprenait-on hier. Ses parents, réfugiés palestiniens, habitent au Danemark, mais Yahya Hassan avait fait de la première génération de migrants un sujet régulier de ses textes. Il affirmait d’ailleurs avoir été victime de maltraitance de la part de sa famille, accusée de bigoterie et même de frauder les aides sociales.
Son livre s’était vendu à des dizaines de milliers d’exemplaires, assure l’éditeur danois, un succès inouï dans le royaume. Il avait également eu des démêlés avec la justice en 2016 : une condamnation à 9 mois de prison ferme pour avoir tiré sur un adolescent de 17 ans. Le jeune garçon se retrouvait régulièrement dans les médias, en première page : tant ses écrits que ses coups de gueule, ou encore sa tentative pour faire de la politique, n’étaient pas passés inaperçus.
Le recueil Yahya Hassan doit être publié cette année par les éditions Au Diable Vauvert (trad. Catherine Renaud).
En voici un texte, intitulé LE DÉVOT :
MAINTENANT IL FAIT SES PRIÈRES À LA
MOSQUÉE DE GRIMHØJ
ET BAISE UNE DANOISE SUR LE PORT
IL A VOLÉ LES MEUBLES DE MAMAN
JETÉ SES VÊTEMENTS PAR LA FENÊTRE
IL ÉMET UNE INTERDICTION
ALORS ON SE VOIT EN CACHETTE QUAND ÇA
SONNE POUR LA RÉCRÉ
La maison transmet à ActuaLitté ce communiqué :
Il était un Poete authentique d’une force incroyable. Chacun de ses mots était trempé dans la misère et la violence de ses origines, la douleur et la révolte. Et l’exigence de dire, tout et sans entrave.
Événement littéraire et best-seller inattendu vendu à 150 000 ex, son recueil avait été le premier livre le plus vendu de tous les temps dans son pays, et a été un phénomène poétique mondial.
Un tel écrivain qui disparaît si jeune, c’est brutal et tragique.
Son second livre qui vient de paraître dans son pays, Yahya Hassan 2, était tout aussi fort.
Nous venions de déprogrammer Yahya Hassan de la rentrée 2020 pour lui donner plus de chances : nous espérions sa venue en France après la crise Covid. Il paraîtra finalement en novembre 2020.
Étant donné sa force, nous savons que son œuvre restera et sera culte pour longtemps, et dans le monde entier, parce qu’elle est à la fois unique et universelle, et nous la défendrons avec encore plus d’énergie sans lui. Mais sa disparition est une perte irréparable.
Commentaires
Rowena, le 01/05/2020 à 21:00:09
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Fayçal, le 02/05/2020 à 15:14:38
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Pierre, le 09/07/2020 à 22:28:57
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Chorfi, le 12/11/2020 à 22:22:38
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