Orelsan en son temps chantait la mort du disque. Les auteurs déplorent aujourd’hui la mort du livre de demain. Bien triste nouvelle, puisque c’est un enterrement qui se tiendra ce 9 juillet à 13h30. Toute personne ayant lu, ou aimé un jour un livre, est invitée à venir se recueillir.
À l’initiative de Beaumarchais, Honoré de Balzac, mais également Victor Hugo ou George Sand, les organisations d’auteurs invitent toute personne pour qui les livres comptent à se retrouver dans les jardins du Palais Royal. Ce 9 juillet, à 13h30, une cérémonie se tiendra pour enterrer « le livre de demain ».
Ainsi, La Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, la Société des Gens de Lettres, l’Association des traducteurs littéraires de France, le groupement des auteurs BD du SNAC « ont la douleur de vous faire part du décès prématuré du livre de demain ». Un tragique événement « survenu sous le quinquennat d’Emmanuel Macron ».
Cette mise en terre sera suivie « de la première réunion de concertation avec les services des Affaires sociales et de la Culture ».
On le comprend, cette cérémonie est avant tout une nouvelle tentative de la part des organisations d’auteurs pour tenter de faire bouger le gouvernement sur la question des régimes fiscal et social des auteurs.
Selon les données du baromètre SCAM/SGDL de mars 2018, seuls 34,7 % des auteurs publiés tirent leurs revenus du seul métier d’auteur. Les autres ont un autre métier, pour vivre. Or, pour 21 % des auteurs, les droits d’auteurs (revenus de la vente) ou droits annexes (lectures, etc.) représentent plus de trois quart de leurs revenus.
Les réformes envisagées doivent conduire à de nombreuses hausses de cotisations (retraite complémentaire obligatoire 8 %, prélèvement irréaliste des impôts à la source, etc.). On trouvera réalisé par le SNAC BD un panorama complet, à cette heure, des avancées, des points résolus et des éléments toujours flous. Et ce, alors même la situation économique des artistes auteurs reste majoritairement précaire. En effet, la crainte, en cet instant, reste que les spécificités des artistes auteurs continuent à ne pas être prises en compte, comme la CSG entraînant des dommages collatéraux non anticipés.
Ce happening réagit notamment aux propos de Denis Bajram dans nos colonnes. Le scénariste et dessinateur expliquait en effet que, demain, « il y aura une catastrophe ».
Les artistes sont autant menacés par les réformes que les auteurs. Quid de l’inventivité de notre industrie du luxe ? De l’automobile ? Et notre attractivité touristique ? Peut-elle survivre à un effondrement culturel du pays ? Bref, c’est toute la « french touch » économique qui vit des recherches menées à faible coût par les artistes et les auteurs. Nous sommes les premiers de cordée de toute cette réussite créative. Si nous tombons, tout le monde tombera avec nous.
Soucieux de maintenir la pression pour obtenir un véritable statut respectueux de la spécificité de leur métier, les auteurs poursuivent leur mobilisation. Toutefois, on reconnaît que la rencontre prévue le 9 juillet apportera « un véritable progrès, attendu qu’il n’y avait jamais eu de vraie concertation ».
« En même temps, la situation est tellement grave, qu’il était temps qu’ils réagissent. Avec ce happening, on veut montrer aux pouvoirs publics ce qui pourrait arriver avec cette réforme. Sans statut spécifique, on ne comprend pas comment il est possible de s’en sortir », relève-t-on.
« Sinon, comme le dit Joann Sfar, autant acter tout de suite qu’auteur n’est pas un métier. »
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