Réaliser le trajet entre Paris et Honfleur, partant des bords de la Seine, soit 561 km pour pédaler à tout crin. Mais ce projet, La Seine à vélo, n’a pas que des partisans : le prix Nobel de littérature JMG Le Clézio signe un texte déplorant « un projet absurde ».
Dans la continuité de ce que dénonce l’Association culturelle des bords de Seine, voici qu’un auteur se dresse. Paris Normandie fait ainsi état du soutien inattendu que le Prix Nobel apporte contre le projet de Seine à Vélo. Membre de l’association — de même que Patrick Modiano — il proteste contre le tracé proposé.
« J’ai souvent marché sur le sentier de halage qui longe la Seine, de la ville de Vernon jusqu’à Pressagny-L’Orgueilleux, dans la Haute-Normandie. Je garde un souvenir ému et émerveillé de ces marches, que je voudrais qualifier de “promenade” au sens rousseauiste du mot », explique Le Clezio.
Et d’évoquer les paysages bucoliques, qui riment avec son enfance — son père avait installé à plusieurs reprises un chevalet pour peintre « le chemin de halage et […] la nature, le clair-obscur des arbres, les buissons, et les reflets sur l’eau ».
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Mais voilà : « Le projet de transformer cette promenade romantique, au fil de l’eau, au rythme lent, en une piste cyclable moderne, bitumée et fléchée, n’est pas seulement absurde, il est aberrant. »
Pour protéger la nature, ne pas la toucher reste la meilleure option. Et d’ajouter que « marcher à pied sur un chemin de halage n’est pas un privilège, c’est un droit absolu dans un monde où tout tend à être trop organisé, trop conforme aux intérêts des organismes touristiques ».
Tant la faune que la flore et les habitants avec elles méritent un respect que le projet de Seine à Vélo ne semble pas apporter. À l’image de Saint-Exupéry, pour qui « on n’hérite pas la terre de nos ancêtres, on l’emprunte à nos enfants », Le Clézio invite ainsi à préserver un héritage, pour les générations futures.
Il conclut alors : « Je voudrais que mes petits-enfants fassent de même dans le futur, quand je ne serai plus là, sans être troublés par la circulation des deux roues, des vélos électriques et des trottinettes. Soyons humbles : ce que nous détruisons aujourd’hui dans la nature ne pourra jamais se retrouver. »
crédit photo : Elliott Brown CC BY 2.0
Commentaires
Mf Mf Cartier, le 23/07/2020 à 14:52:31
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Axelle, le 23/07/2020 à 15:30:24
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Liger, le 24/07/2020 à 12:15:51
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