Alors que l’helléniste de renom international Jacqueline de Romilly
Le 21/12/2010 à 07:25 par Clément Solym
Publié le :
21/12/2010 à 07:25
vient de s’éteindre, les hommages pleuvent de tous côtés à son attention. Et souvent viennent de là où l’on ne les attendait pas véritablement…Après celui de Nicolas Sarkozy, reprenons celui du ministre de l’Education nationale, Luc Chatel.
Dans le communiqué de presse émis par son ministère, l’on peut lire la « grande émotion de Luc Chatel ». Il célèbre alors celle qui « n'a eu de cesse tout au long de sa vie de révéler à nos contemporains l'infinie richesse des humanités et de transmettre sa passion pour une période et une langue fondatrices. »
Sacré Luc
Transmettre, le mot est posé. Et, quand on sait l’état actuel de l’enseignement des langues anciennes en France, il y a de quoi se poser de sérieuses questions quant au sérieux, précisément, de telles déclarations. Jacqueline de Romilly n’a justement eu de cesse, durant toute sa vie, de se battre pour que l’on reconnaisse l’intérêt éminent, pour les nouvelles générations, de pouvoir toujours leur apporter l’enseignement précieux des lettres classiques.
Depuis l’arrivée de l’UMP au pouvoir, le programme éducatif mis en place n’a pas vraiment fait montre d’une réelle volonté de casser le cours des choses. Depuis déjà plusieurs décennies, l’enseignement du latin patine quand celui du grec disparaît tout simplement de nos collèges.
Ces disciplines sont concurrencées par de nouvelles options, notamment celles qui permettent une orientation en classe européenne, en proposant un renforcement en langue vivante. Sur le terrain, souvent rien n’est fait pour arrêter l’hémorragie qui touche l’effectif des élèves choisissant de faire du latin, car du grec, on n’en parle même plus !
Une certaine idée... de l'hypocrisie
Si Luc Chatel note, dans son communiqué que « La France perd aujourd'hui sa plus grande helléniste », il poursuit par cette phrase : « Le plus bel hommage que nous pouvons lui rendre est de perpétuer la mémoire et l'esprit de son œuvre. » Si l’on pouvait prendre cette phrase au mot, il faudrait redonner sa juste place à l’enseignement des langues anciennes…
Répondant aux questions de François Busnel, en 2004, Jacqueline de Romilly disait déjà que le latin et le grec se portaient « Mal. De plus en plus mal. Je suis plus inquiète que jamais. » Elle réagissait alors à une nouvelle réduction du nombre d’établissements proposant l’enseignement du grec et du latin.
Cette combattante invétérée avait elle-même créé l’association Sauvegarde des Enseignement Littéraires (S.E.L.) pour défendre la cause des langues anciennes. Le meilleur hommage que l’on puisse rendre à cette grande dame est de poursuivre, avec ardeur, son combat.
Nos confrères de Livres Hebdo révèlent, par ailleurs, qu’un ouvrage signé de Jacqueline de Romilly sera publié de façon posthume au cours de l’année 2011. C’est son éditeur et ami, Bernard de Fallois qui, après avoir annoncé la mort de l’helléniste, a évoqué cette prochaine sortie. En attendant, toutes ses anciennes publications sont mises en réimpression afin de faire face à la demande du public.
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