Avec 300.000 citoyens, l'Islande connaît une véritable explosion du marché du livre, avec le plus grand nombre de lecteurs, d'auteurs et de livres lus par an et par tête de contribuable. Un record absolu et indiscutable, où que l'on regarde dans le monde. Au point qu'il existe un dicton typique : « ad ganga med bok I maganum ». Tout le monde a un livre dans le ventre.
Daniel Enchev, CC BY 2.0
C'est que, statistiquement, une personne sur dix publiera un livre en Islande. Et tout le pays semble s'écrire au travers des livres : les sagas islandaises sont réputées, et depuis le XIIIe siècle, constituent un socle culturel essentiel, racontant la vie des Vikings qui colonisèrent le pays. Mais pas simplement : on trouve sur des bancs, dans les rues, des codes barres, pour écouter une histoire sur son smartphone, durant le temps où l'on s'assoit - et à emporter par la suite avec soi.
Les écrivains s'emparent de tous les sujets, sagas modernes, poésie, livres pour enfant, littérature, fiction érotique, mais bien évidemment, c'est dans le domaine du polar que les chiffres atteignent des records. Peu surprenant pour un pays nordique, certes, mais les chiffres de vente dans ce domaine sont le double de celui des autres voisins nordiques.
Reykjavik a été désignée Ville de la Littérature par l'UNESCO, et des auteurs comme Tolkien et Seamus Heaney étaient littéralement fascinés par ce pays. « Nous sommes une nation de conteurs. Quand il fait sombre et froid, nous n'avons rien d'autre à faire », explique Solvi Bjorn Siggurdsson, romancier local. Mais surtout, après l'indépendance acquise en 1944, la littérature a permis au pays de se forger une identité loin du Danemark qui l'avait occupée.
D'ailleurs, les livres d'Halldor Laxness, prix Nobel de littérature de 1955, se retrouvent dans les stations-service et les centres touristiques. Ici, on appelle son chat Laxness et on fait des pèlerinages jusqu'à l'ancien domicile de l'écrivain. « Il nous a inspiré la confiance nécessaire à l'écriture », poursuit Solvi.
Pourtant, beaucoup d'auteurs mettent une pression très forte sur les éditeurs, qui pourraient, pour le coup, faire plus que la fine bouche. Et pourtant, l'engouement pour les livres est sensationnel. Kristin Vidarsdottir, directeur du projet Ville de la littérature l'explique très bien : « Même aujourd'hui, quand je vais chez le coiffeur, il n'attend pas de moi des potins, mais des recommandations de livres à offrir pour Noël. »
Presque un conte de fées, ce pays.
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