Tiens, en passant en revue les différentes publications de la rentrée, deux titres, parmi tant d'autres, nous ont retenu l'attention, pour leur thématique assez commune. Il s'agit d'histoires de... libraires. Une sorte « d'écho du siècle », comme disait Victor Hugo. Mais plutôt du côté Lamentations, dans ce cas.
Le premier volume est publié chez Grasset, par Claudie Hunzinger, La survivance. L'histoire est terrible. Un coup de libraires ruinés, par une activité trop modeste, qui ne permet pas à l'entreprise de survivre. Les deux petits vieux, une belle soixantaine sonnante, décide de partir dans leur mas de campagne, situé dans les Vosges, apportant avec eux des livres et des animaux.
Bon, c'est plutôt sinistre, mention glaciale, avec un vent mauvais qui souffle entre les murs de leur maison en ruine, tout aussi mal en point que l'activité qu'ils ont quittée. Mais heureusement, il y a les livres, pour se resaisir, la littérature pour chauffer l'âme et le corps, le coeur et le reste, au sein de cette bâtisse qui croule. Quelques rires, encore, loin de la société moderne, de sa vitesse, avec des lectures.
La Survivance, c'est le nom de la petite maisonnette, et ça donne le ton.
L'autre livre, il est d'Émile Brami, qui fut l'éditeur d'Emmanuel Delhomme, qui publiait l'an passé, chez L'Éditeur (la maison de Brami, aujourd'hui laissée en... friche, mettons), Un libraire en colère. La thématique est amusante. Ici, le livre s'appelle Zugzwang, c'est aussi un couple, dont l'un est libraire, qui va faire face à une douloureuse situation. Leur fils, avec calme et résolution, a décidé de mettre en un terme à vie. Autre ruine, autre désolation, mais sans survivant, cette fois.
Le livre devient prétexte à une plongée dans les souvenirs de Tunisie, qu'Élie Ben Itah, notre libraire joueur d'échecs, a vécu, du temps de Bourguiba. Loin, donc, assez loin de notre couple de libraires plongés dans la faillite.
Mais pas si loin que cela : entre les souvenirs d'une époque politique tunisienne, et la vie qui s'en est suivi depuis l'exil, et la volonté de mourir qu'un fils présente à son père libraire, on retrouve finalement un certain état d'esprit de la librairie. Quelque chose confronté soit à la ruine, soit à la mort. Évitons les poncifs sur la littérature, bac révélateur des tendances de son époque, après tout, les livres, corrects dans l'ensemble, n'ont rien non plus de criant de vérité.
C'est surtout intrigant, de tomber sur ces deux titres, et de découvrir deux visions qui reflètent une certaine morosité dans le milieu de la librairie.
Une chose : le Zugzwang, c'est un coup, aux échecs, où la situation du joueur est telle que n'importe quel coup qu'il pourrait jouer serait mauvais pour lui, et le mieux serait de s'abstenir. Mais il faut jouer - ou parier, dirait Pascal. Bien entendu, tout cela n'est que fiction...
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