L’ancien PDG des librairies Barnes & Noble, renvoyé sans trop de ménagement, vient de perdre d'ores et déjà le procès qu’il envisageait d’intenter. Demos Parneros avait porté plainte pour diffamation : son ex-employeur aurait sous-entendu que le départ était provoqué par des accusations de harcèlement sexuel. Finalement, circulez, le dossier est trop léger.

Mary Kay Vyskocil aura accordé la semaine passée une audience opposant Barnes & Noble à l’ex-PDG, Demos Parneros. L’an passé, la chaîne de librairies avait demandé un jugement sommaire partiel concernant deux des trois plaintes déposées par Parneros. Son licenciement, survenu en juillet 2018, avait directement conduit à un affrontement entre avocats.
Exit, la diffamation
Mais pour la juge, la question de la diffamation reposant sur les interprétations du plaignant ne saurait être entendue. La communication de l’entreprise ne contenait ni fausse déclaration ni insinuations en mesure de porter atteinte à l’honneur de l’ex-PDG.
Un communiqué « substantiellement vrai », estime la juge fédérale du tribunal de New York, qui renvoie donc Parneros à ses études. Ce dernier avait pourtant considéré que les propos de B&N le rangeaient dans la catégorie des « Harvey Weinstein de ce monde ». Mais à tort, estime la justice.
Et d’ajouter que la décision du conseil d’administration s’avérait injuste, que la conduite de l’intéressé n’avait jamais été douteuse, et qu’il n’avait probablement pas commis ce dont on l’accuse. Parce que, rajoute la décision, « si la cour acceptait la théorie de la diffamation de Parneros, chaque entreprise licenciant un administrateur pour un motif valable serait exposée à de pareilles poursuites, lorsque le responsable est en désaccord avec la décision du licenciement ».
Selon les informations circulant, Parneros ne demandait pas moins de 70 millions $ de dommages-intérêts à son ancien employeur.
Un licenciement hâtif ?
Pour autant, l’affaire se poursuivra, puisque la cour n’a pas ici abordé la question d’une rupture de contrat : seule la plainte pour diffamation est rejetée — et Barnes & Noble se trouve également débouté de sa demande. Pour l’enseigne, aucune violation du pacte de bonne foi n’était à l’ordre du jour : la requête de Parneros aurait donc été irrecevable.
Pas pour la juge qui voit là un vrai sujet : le licenciement s’est-il opéré de façon arbitraire? Barnes & Noble avait-il décidé de renvoyer Parneros plutôt que de l’indemniser suivant les règles en vigueur? Et à ce titre, Leonard Riggio, président exécutif, qui ne décolérait pas de la gestion mise en œuvre par le PDG en place, sera appelé à témoigner.
Ce dernier avait, à l’occasion d’un rendez-vous le 2 juillet, soit une semaine avant d’un départ abrupt, pointé du doigt de mauvais traitements infligés à Allen Lindstrom, directeur financier, et des cas de harcèlement sexuel. Et dont Parneros serait responsable. Ce dernier dénonçait en revanche le comportement de Riggio, qui l’aurait mis dans une situation intenable. Il se montrait « erratique et peu professionnel » avait dénoncé l’ex-PDG.
Une audience préliminaire a été fixée pour ce 8 octobre.
via Law 360, Publishers Weekly
crédit photo : WilliamCho CC 0
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