Il y a le service en salle : Grégoire Delacourt sort un nouveau roman. Derrière, il y a la cuisine interne : Grégoire Delacourt change d’éditeur. Entre les deux, les lecteurs n’y verront que du feu. Et en mai prochain, sortira donc Un jour viendra couleur d’orange, titre on ne peut plus éluardien, voire aragonien — ou peu s’en faut.
Parlons des cuisines internes : en février 2019, l’éditrice phare des éditions JC Lattès, Karina Hocine, quittait le groupe Hachette Livre pour rejoindre Madrigall. Elle allait être nommée secrétaire générale des éditions Gallimard, emportant avec elle plusieurs auteurs de renom — dont Delphine de Vigan.
C’est que la nomination de Véronique Cardi à la tête de Lattès n’avait pas emballé tout le monde. Et suivant la tradition qui veut qu’une éditrice quittant une maison, ses auteurs l’accompagnent, généralement, vers ses prochaines aventures.
Ce ne fut pas le cas pour Grégoire Delacourt, auteur qui travaillait avec Karina Hocine. Manifestement, l’écrivain ne souhaitait pas quitter le navire Hachette : il aura donc transité de chez Lattès à Grasset, qui lui offre alors l’opportunité d’un nouveau départ.
Pour en finir avec la cuisine interne, son dernier livre, Mon père, vient de sortir chez Livre de poche (filiale d’Albin Michel et Hachette), ce 29 janvier. 5815 exemplaires selon Edistat, 7406 selon GfK (semaine 9) — et ce, alors que le grand format était sorti en février 2019 (plus de 18.500 exemplaires selon Edistat).
Un prince, mon jour viendra...
Et puis, revenons au service en salle : Un jour viendra couleur d’orange sortira fin avril. L’éditeur en fournit une première présentation.
Pierre ne demandait pas la lune, juste un bout. Avec sa femme, Louise, leur fils Geoffroy et son amie Djamila, ils vont manquer de tout perdre. Et puis, à défaut de lune, choisir la vie, aller vers la lumière.

Un fils qui refuse d’être touché, classe tout par couleur, compte la taille exacte de ses foulées, et retient tout ce qu’il lit, en silence. Quand Pierre l’oblige à jeter un cocktail Molotov sur un bâtiment public, Louise le quitte, épuisée par la violence de son mari et déterminée à protéger Geoffroy.
Le garçon est différent, isolé, rejeté par les jeunes du collège et du quartier. Seule Djamila, quinze ans, est fascinée par son invraisemblable mémoire, ses manies, sa candeur de petit prince venu d’ailleurs. Un lien se noue, qui entraîne bientôt les deux adolescents sur le territoire inconnu de l’amour et les conduit à se réfugier dans la forêt, à l’abri de la violence du monde.
Homme des bois solitaire et généreux, Hagop leur apprend les noms des arbres et les chants des oiseaux, faisant de sa cabane un refuge accueillant.
Peinture sociale, histoires d’amour et roman initiatique, Un jour viendra couleur d’orange tisse magistralement le drame de ses personnages. Grégoire Delacourt nous entraîne au rythme haletant d’une écriture habitée par l’urgence vitale de ses héros, leurs contradictions, leurs désirs et leurs peurs.
La rage de Pierre, le don de soi de Louise, la singularité de Geoffroy, l’oppression subie par Djamila et le retrait du monde d’Hagop, autant de luttes qui s’entrechoquent puis se rejoignent. Car selon les mots d’Aragon « Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange (...) Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche »... Poignant et lumineux.
[à paraître 24/04] Grégoire Delacourt – Un jour viendra couleur d’orange – Grasset – 9782246824916 – 19 €
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