Nul ne pourra promettre sans se parjurer qu’il n’était pas averti. Avec l’ouverture des Fnac maintenues, malgré le confinement, quand les librairies se retrouvent fermées, la concurrence devient intolérable. Et la résistance s’organise, défiant ouvertement les consignes sanitaires et mesures restrictives imposées aux commerces.

Samuel Chauveau n’était probablement pas le seul à réagir, mais sera l’un des premiers à appeler à la désobéissance. Fermées parce que non essentielles, les librairies endurent pour la seconde fois un confinement qui les prive d’activité marchande. Mais cette fois, outre les grandes surfaces, une nouvelle menace plane : parce qu’elle est vendeuse de technologie, indispensable au télétravail, la Fnac sera en mesure d’accueillir du public. Et ses rayons autres que high-tech seront ouverts — notamment pour les livres, ou les disques.
Pour le fondateur de la Librairie Bulle, « comme lors du premier confinement, les hypermarchés vont continuer de vendre des livres. Mais coup de tonnerre, pour ce second confinement, les Fnac sont autorisées à rester ouvertes ». Excédé, le libraire, loin de baisser les bras, retrousse ses manches.
« Aujourd’hui [ce 29 octobre, Ndlr] je lance un cri d’alerte », et d’inviter la presse dans sa librairie, ce 30 octobre à 10 h, « ainsi que mes collègues libraires du Mans ».
Et de l’annoncer officiellement et « à titre personnel, la librairie restera ouverte jusqu’à nouvel ordre. Et pendant votre heure de sortie, vous pouvez peut-être nous rejoindre, dès 10 h et venir nous soutenir ».
Une ouverture qui irrite d’autant plus qu’elle double l’aide de 500 millions € reçue par l’agitateur public mi-avril. Un prêt, certes, mais garanti par l’Etat à la hauteur de 70 %, destiné à faciliter la relance de l’activité et le maintien des emplois au sein du groupe Fnac Darty. « Ce nouveau financement permet à Fnac Darty de bénéficier du soutien des institutions bancaires françaises de premier plan, dans un contexte de crise sans précédent ».
Or, la Fnac, ce prêt à peine validé, s’empressait de mettre en œuvre un plan social, avec un chantage à la clef, dénoncé par la CGT.
Plus à venir après la rencontre prévue dans une heure à la librairie Bulle.
mise à jour : 10h20
« Je vous annonce que je resterai ouvert dorénavant », a assuré le libraire durant sa conférence de presse, et encourage ses confrères à y réfléchir. « J’ai même pas réfléchi en termes d’amende à ce que je risque, moi je continue, pas de problème. » Parce qu’au final, les librairies indépendantes doivent être fermées, quand toutes les autres plateformes, commerces de bouche, supermarchés qui proposent des livres, pourront en commercialiser. Un paradoxe qui met en colère.
« Dans les moments les plus compliqués, novembre et décembre, où les librairies vont leur meilleur chiffre […], moi, la réaction a été que ce n’était plus possible. […] C’est injuste, c’est même dégueulasse. 38 ans que je suis libraire, j’ai tout de même le sentiment d’avoir un rôle dans cette cité. »
« Fermer les librairies, c’est presque criminel », ajoute une consoeur, « la culture, l’éducation, l’éveil au sens civique, c’est dans nos livres, dans les documents que nous vendons, c’est indispensable, il ne faut surtout pas s’arrêter de le proposer. »
mise à jour 30/10 - 18 h :
Le Syndicat de la Librairie française vient d’obtenir du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, la fermeture des rayons livre de la Fnac et de la grande distribution. Avec d’autres mesures à venir.
crédit photo : Librairie Bulle
Commentaires
Victoria, le 04/11/2020 à 14:19:10
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Jean, le 30/10/2020 à 12:37:44
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Constance, le 30/10/2020 à 14:51:50
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Isabelle, le 30/10/2020 à 15:27:51
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