Si, en vertu de l’adage de Charles Dickens, le monde littéraire n’est que plagiat, certains font plus mal que d’autres. D’ailleurs, T.S. Elliot affirmait que les bons auteurs empruntent, quand les grands, eux, volent. Au cours du mois de février, les exemples ne manquent pas, de soupçons, parfois avérés, de copier-coller. Le monde manque-t-il à ce point d’imagination ?
Ce ne sont pas moins de trois cas d’indélicatesses qui ont été mis à jour ces dernières semaines, toujours avec des implications à plus ou moins grande échelle.
Les mots de cinq autres ?
Le plus stupide, et compromettant, serait celui de la romancière Cristiane Serruya, auteure brésilienne. L’un de ses romans vient d’être retiré de la vente après que des accusations sérieuses et motivées ont été portées. En effet, Courtney Milan, célèbre auteure de romance, a été mis devant le fait accompli. Des mots, des passages, empruntés à son livre The Duchess War, se retrouvaient dans le livre de Serruya.
Avec des centaines de milliers d’exemplaires écoulés, comment croire que les lecteurs ne verraient pas le pot aux roses dans Royal Love, manifestement l’emprunteur ? En tout, cinq autres écrivains auraient été dépouillés, pour que le livre prenne vie. L’auteure brésilienne s’en défend, jurant qu’elle n’aurait jamais fait une pareille chose : en réalité, ce serait la faute de son prête-plume. Sidérant.
Troubles déraisonnés de la copie ?
La seconde, c’est l’aventure de Dan Mallory, dont nous avions relaté les récents mensonges qui saupoudraient son propre parcours. Non seulement le bonhomme se serait inventé une vie – une mythomanie causée par des troubles psychiatriques –, mais, en plus, il aurait allégrement pioché chez ses confrères.
The Woman in the Window, traduit en France aux Presses de la Cité par Isabelle Mallet, serait une reprise d’un ouvrage autopublié par Sarah A. Denzil, Saving April. Un schéma narratif très proche, des personnages qui ne sont pas sans points communs, avec une foule de thématiques identiques... mais le premier livre est sorti en autoédition le 20 septembre 2015, quand l’ouvrage de Mallory fut publié en 2018.
Cerise sur le gâteau, le final des deux romans est presque identique. Des éléments que l’avocat de Mallory conteste, évidemment...
Yesterday All my troubles seemed NOT so far away
Et clou du spectacle, c’est cet auteur australien, pour qui l’intrigue du dernier film de Danny Boyle, Yesterday, ressemble très, très étrangement à son propre travail. En effet, Nick Milligan, auteur du livre Enormity, avait choisi de publier son livre par ses propres moyens – s’étant entendu dire qu’il n’y aurait pas de public pour cette intrigue.
L’idée est qu’un certain Jack va se réveiller dans un monde semblable au nôtre, mais où les Beatles n’existent pas. N’ont jamais existé. Et Jack, profitant de l’aubaine, s’approprie indûment les chansons des Beatles pour les faire siennes.
Il semblerait même, si l’on s’attarde un peu plus sur les détails, qu’une bande dessinée intitulée Yesterday, paru en 2011 chez Manolosanctis, maison qui a fait faillite depuis, ait traité du même thème. John Duval et the futurians empruntait une intrigue qui n’est pas sans rappeler celle de Milligan ni celle du film de Boyle : un usurpateur qui s'empare des chansons des quatre garçons aux cheveux dans le vent...
La route sera longue, pour chacun d’entre eux...
via Guardian, New York Times, Guardian, Visual Music
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