Il semble que les problèmes d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique se retrouvent. Différemment, mais tout de même. Les libraires américains désespèrent de ce que leur service postal soit menacé. Or, sans ce dernier, indique Danny Caine, propriétaire de Raven Book Store (Lawrence, Kansas), les librairies indépendantes risquent de ne pas passer l’hiver…
« Bien souvent, les frais d’expédition peuvent dépasser le prix d’un livre d’occasion, ce qui dissuade l’acheteur et le vendeur. C’est une difficulté par rapport à des mastodontes comme Amazon », assurait Hervé Valentin, président du Syndicat de la librairie ancienne et moderne, à ActuaLitté. Problème : cette question des frais d’envoi de livres se pose dans les mêmes termes pour les libraires — et les éditeurs indépendants.
Lors de l’acmé de la crise sanitaire en France, la question des frais postaux a été battue et rebattue — Franck Riester avait même promis de s’y pencher… peu avant de quitter la rue de Valois.
Pour les États-Unis, la peine se nuance : entre FedEx, UPS Ground et USPS Media Mail, les coûts oscillent entre 3 $ pour le dernier, et respectivement 24 et 14 $ pour les deux autres. En somme, le service postal américain « permet les innovations dont les [libraires] indépendants ont besoin pour survivre », conclut Danny Caine.
Amazon, source de tous les maux (pas loin...)
Au cours de la pandémie, sa librairie a immédiatement mis en place des frais de livraisons offerts — chose impossible en France du fait de la loi sur les frais de port. Celle qui devait contrer Amazon a finalement renforcé son pouvoir : brillant.
Le point d’achoppement est bien là : Amazon, responsable d’avoir habitué les clients à ne pas payer les frais de livraison, en France comme aux États-Unis, a finalement mal habitué les consommateurs. Mais contrairement à l’Hexagone, les USA disposent d’un tarif peu coûteux pour l’expédition de livres, « offrant aux librairies un moyen de sortir de cette impasse ».
La pertinence de cette discrimination remonterait à 1938 : un proche de Franklin Roosevelt fit envoyer deux colis au président. Dans le premier, des livres de Shakespeare, dans le second, des magazines un peu crades : les deux colis pesaient le même poids, mais pour envoyer du Shakespeare, il fallait payer 300 % plus cher. La nécessité de diminuer les coûts s’est imposée, et le service Media Mail est apparu.
Or, l’administration Trump, quand elle ne tente pas de justifier le massacre d’oiseaux, envisage avec sérénité de s’en prendre aux tarifs postaux. Depuis la mi-août, le président a bloqué le financement du service postal, afin de diminuer la capacité de vote à distance des citoyens. Les 3,5 milliards $ demandés seront refusés, plaçant l’United States Postal Service dans une posture délicate, pour dire le moins.
Pourtant, « avec Média Mail, l’USPS démontre sa conviction profonde que les livres doivent circuler librement et facilement parmi tous les citoyens du pays », poursuit le libraire. Mais depuis le blocage décidé le 13 août par Trump, le service postal est véritablement menacé.
Or, sauver l’USPS revient à sauver les librairies indépendantes. Le choix devrait se faire rapidement. Pour les citoyens, en tout cas…
via Publishers Weekly
crédit photo : Atomic Taco CC BY SA 2.0
Commentaires
Aïe, le 25/08/2020 à 08:09:52
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