Pas de crise de la quarantaine pour les éditions Michel Lafon : la maison, indépendante, est née d’une volonté, et aujourd’hui codirigée par la fille du créateur. Depuis 1980, jusqu’en 2020, la société s’est adaptée, avec une belle note d’audace.
Impossible de séparer Michel Lafon des grands noms qui aujourd’hui constituent son catalogue : les best-sellers comme Olivier Norek ou Agnès Martin-Lugand, bien entendu. Mais dans ses premiers temps, l’éditeur a fait le pari de chercher artistes et talents, pour leur donner la parole.
« Il fut le premier à leur proposer de raconter leur histoire », rappelle la maison. Michel Lafon devint ainsi « l’éditeur des grandes personnalités de son époque puis a découvert certains des romanciers les plus talentueux de leur génération ».
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Avec près de 170 nouveautés publiées par an, la structure s’est diversifiée pour aller chercher en littérature française, étrangère, mais également trouver des œuvres en littérature jeunesse et bande dessinée, autant que manga. Indépendant, donc, et pluriel.
Des auteurs dans les tops
Ces dix dernières années, ce sont 25 millions d’exemplaires vendus que revendique la maison avec des chiffres à donner envie : 3,5 millions pour Agnès Martin-Lugand, 1 million pour Olivier Norek ou encore 1 million de plus (grand format et poche) pour Aurélie Valognes.
D’ailleurs, Une évidence de Martin-Lugand sera prochainement adapté au cinéma par Élisa Soussan, productrice de Belle-fille, tandis que Entre deux mondes, en est cours de développement, « avec un casting d’exception », assure la maison.
Ils ne sont pas les seuls : Pour que justice te soit rendue, le récit du bouleversant combat d’André Bamberski publié en 2010, a été adapté au cinéma sous le titre Au nom de ma fille en 2016 et admirablement interprété par Daniel Auteuil.
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De même, avec plus de 10 millions de téléspectateurs, L’Emprise, adapté du témoignage Acquittée d’Alexandra Lange (publié en 2011) et diffusé en 2015, a été un record d’audience pour TF1. Et la liste d’adaptations en compte d’autres.
Des talents aux projets
Certains firent leurs premiers pas dans la maison, comme Maxime Chattam, avec L’âme du mal (1,5 million d’exemplaires), aujourd’hui devenu l’un des plus importants auteurs français de thrillers. D’autres sont restés, comme Lorànt Deutsch, dont le Métronome reste l’une des références depuis une quinzaine d’années.
On le sait d’ailleurs peu, mais en 2009, Michel Lafon crée une filiale éducative en Afrique francophone et développe des manuels scolaires, parascolaires et de la littérature jeunesse telle que la collection « Bouba et Zaza » vendue à plus de 500.000 exemplaires et réalisée en partenariat avec l’Unesco. Cette filiale est dirigée par Clément Lafon.
Et l’éditeur a su s’impliquer dans la vie politique : Je vous demande le droit de mourir de Vincent Humbert, publié en 2003, a donné lieu à la loi Leonetti de 2005 relative aux droits des malades à mourir dans la dignité. Ce fut la seule loi de la Ve République votée à l’unanimité.
Pour l’avenir, la maison promet une adaptation de La Peste d’Albert Camus, en version manga, réalisée par un auteur japonais, et publiée en mai 2021. Et quarante années d’engagements de plus…
crédits photo : Michel et Elsa Lafon - Pauline Darley
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