Même pendant les vacances scolaires, la censure ne s'arrête pas, outre-Atlantique : la dernière victime est le livre de Mark Haddon, Le Bizarre Incident du chien pendant la nuit, retiré d'une liste de lecture estivale dans un lycée de Floride. Après les demandes de quelques parents d'élèves, l'ouvrage a été purement et simplement retiré, sans passage devant une commission. Les autres parents sont parfois choqués par « cet acte de censure validé par le système scolaire ».
L'affaire s'est déroulée dans le comté de Leon, en Floride, où des parents ont critiqué le livre de Mark Haddon pour son langage outrancier et sa mise en doute de l'existence de Dieu. Des reproches pas vraiment originaux, et qui arrivent en tête, avec les références sexuelles, dans les raisons avancées par les parents d'élèves pour la censure d'ouvrages du programme scolaire ou au sein des bibliothèques.
Néanmoins, « [c]e cas est très préoccupant. Quelques parents décident pour tous les autres parents dont les enfants sont inscrits à l'école. Si des règles sont mises en place, c'est justement pour protéger les enseignants et leurs choix », souligne Sarah Hoffman, responsable des actions de la National Coalition Against Censorship. Visiblement, le processus de plainte et d'examen par une commission n'a pas été respecté, et l'ouvrage a été retiré après de simples mails et coups de téléphone.
Le principal du lycée en question assure qu'il n'a fait que son devoir, en respectant le droit des parents « de jouer leur rôle de parents ». Les élèves qui avaient déjà rédigé leur liste de lecture recevront bien sûr une note, a-t-il expliqué.
Une mère qui a signé un des emails envoyés au principal, elle-même ancienne enseignante, assure qu'elle n'est « pas intéressée par une censure des livres. Mais je ne peux pas supporter ce langage et l'invocation du nom de Dieu en vain. [...] Je sais qu'il est stupide de nier l'existence des mots grossiers, mais il est de ma responsabilité de parent de m'assurer que ma fille sache ce qui est bien ou mal. »
L'établissement a ajouté, face aux critiques de certains parents vis-à-vis de la censure, que la liste de lecture estivale ne nécessitait pas le passage devant une commission, puisqu'elle était considérée comme extérieure au programme officiel.
L'auteur Mark Haddon, interrogé par The Guardian, remarque surtout que son roman « n'est pas seulement un livre qui contient des insultes, mais un livre sur l'insulte ». Le livre suit en effet l'enquête sur le meurtre d'un caniche, menée par Christopher, un adolescent qui présente des symptômes de l'autisme et du syndrome d'Asperger. Par ailleurs, ajoute-t-il, le langage révolte plus que les faits décrits dans le roman, où une mère abandonne son enfant, quand un père le maltraite physiquement...
(via Tallahassee Democrat)
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