D’un côté, L’Étranger, œuvre qui reste l’un des ouvrages les plus lus au monde. De l’autre, La peste, qui s’est vendu comme jamais durant la première période de pandémie. Au centre, Albert Camus, qui fait l’objet d’un hors série publié par Le 1 des écrivains.

Ainsi, « Camus se définit pour la révolte et contre le nihilisme », explique Benjamin Stora dans un entretien. « Camus veut garder sa pensée ouverte, ne pas fermer les yeux, ne pas s’enfermer dans une seule explication du monde. Dans un seul ghetto. C’est fondamental. »
L’historien revient sur la vie de l’auteur, dont la mémoire est disputée d’une rive à l’autre de la Méditerranée, et trace le portrait d’un homme libre, depuis ses origines en Algérie jusqu’à sa position complexe face à la décolonisation, en passant par sa relation conflictuelle avec le PC, Sartre et Simone de Beauvoir, ou encore son anarchisme.
Dans l’article Un magicien, Kaouter Adimi raconte : « Je suis allée à Tipaza avec Noces bien avant de parcourir pour de vrai les ruines romaines, de me perdre dans le bleu du ciel et de la mer, bien avant que je ne demande au vieux guide de m’indiquer le chemin. »
La romancière, familière de l’œuvre de Camus, nous entraîne dans une promenade évocatrice, à travers la géographie réelle et imaginaire de l’écrivain.
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En outre, quatre questions contemporaines sont éclairées par la lecture de Camus que fournissent Yves-Marc Ajchenbaum, Marc Crépon, Jean-Yves Guérin et Stéphane Pierré-Caps.
« Chaque fois que j’entends un discours politique ou que je lis ceux qui nous dirigent, je suis effrayé depuis des années de n’entendre rien qui rende un son humain. Ce sont toujours les mêmes mots qui disent les mêmes mensonges. » (Camus).
Avant nous, l’auteur de L’Étranger a su mettre des mots sur nos questionnements : le dégoût de la politique, la fatigue démocratique, la liberté de la presse, la question des frontières à l’heure de la mondialisation, la place de la violence dans la vie publique et le combat d’idée — autant de sujets brûlants qu’éclaire la lecture de l’écrivain, comme le démontrent quatre connaisseurs de son œuvre, journaliste, juriste, spécialiste de littérature ou philosophe.
Le magazine compte également une affiche grand format : le portrait inédit d’Albert Camus réalisé par Gérard Fromanger. Il reprend une analyse de la place des femmes chez Camus, par Gisèle Sapiro, qui invite à lire l’écrivain sans oublier les aspects plus datés de son œuvre, afin de se garder de toute idéalisation.
Enfin, un extrait bouleversant des Mémoires de Simone de Beauvoir, qui rapporte sa réaction à l’annonce de la mort brutale de l’écrivain, ancien ami devenu adversaire.
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