Amazon sur les terres d’Ikea, voici qui promet du grabuge. Pourtant, après des années de rumeurs et de tractations, voici que le géant de la vente en ligne s’installe au pays des meubles en kit. Amazon.se n’attend manifestement plus grand-chose pour sortir de l’ombre du net.
Après avoir acheté le nom de domaine Amazon.se pour 6 millions de couronnes – 583.000 €, joli cas de cybersquatting, bien rentabilisé – la firme ne se contente donc pas d’une version en allemand. Le site est entièrement revu et traduit en suédois : certains textes sont toujours en anglais, ce qui démontre que la transition n’est pas pleinement opérée.
La première perspective serait de séduire des commerçants suédois afin d’enrichir son offre globale à travers une marketplace musclée — de la sorte les consommateurs seront plus facilement attirés. Pour l’heure, aucune trace de la plateforme pour le Danemark, la Finlande ou encore la Norvège : la Suède sera donc le cheval de Troie de Jeff Bezos pour conquérir les pays nordiques.
Toute la question sera de savoir quand surviendra le lancement officiel, après cette fameuse fuite ? Et pour les lecteurs, si l’offre en livres par laquelle Amazon a construit tout son projet économique et sa puissance sera aussi abondante qu’ailleurs. Un fameux et autre enjeu, sera celui de la lecture numérique — donc de l’environnement Kindle.
Jusqu’à présent, les clients étaient redirigés vers le Royaume-Uni ou l’Allemagne. Et comme les adresses IP dévoilées, par lesquelles le site était accessible, ont fini coupées, impossible d’explorer plus en profondeur.
Pour l’industrie du livre suédoise, il serait ridicule de tenter la moindre riposte : avec 88,9 milliards $ de chiffre d’affaires (770 milliards de couronnes) lors du 2e trimestre, Amazon est un titan. En comparaison, la puissante maison Akademibokhandeln est parvenue à 298 millions de couronnes sur la même période.
La lecture, oui, évidemment
Surtout que le marché suédois de la vente en ligne pour les livres est particulièrement mature — et pour les outils numériques plus largement, que l’on reste dans le secteur de l’audiolivre ou de l’ebook. Les services de streaming et d’abonnement pour ces formats vont bon train — comme Storytel. Que fera Amazon de cette concurrence dans les prochains mois ?
Et nombre de petites maisons se réjouiraient, à tort, ou disons, à court terme, de cette arrivée : le canal de vente ainsi ouvert offrirait une alternative à la librairie qui n’est pas en mesure d’accueillir une offre totale. De même pour l’autopublication — et plus encore, pour la vente en ligne, comme nous l’a montré le confinement.
Selon les pires pronostics, d’ici à une dizaine d’années, la Suède ne compterait plus qu’une cinquantaine de librairies — et la plupart d’entre elles devront se concentrer sur les livres d’occasion…
Le fait est que le livre ne jouera certainement pas un rôle majeur dans la stratégie d’Amazon : en réalité, il n’est définitivement plus qu’un produit d’appel, depuis bien des années. À ce jour, on estime que 11 % du streaming vidéo en Suède, par exemple, appartiennent à Prime Vidéo. Alors, les livres, n'est-ce pas...
via Boktugg, TNPS, Ehandel
photo : Brian Dooley domaine public
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