« La décision […] nous conforte dans l’idée que l’enjeu principal n’est pas tant la sécurité que la volonté de certaines organisations syndicales de tirer parti d’un processus de consultation complexe avec des comités sociaux et économiques. » La Cour d’appel de Versailles, confirmant l’ordonnance de référé, interdit bien à Amazon de poursuivre une activité de distribution totale. Et la firme réagit.
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Il y a ce que l’on communique à la presse, et ce que l’on dit au public. D’un côté, le message sobre diffusé sur Facebook, de l’autre, une étrange analyse de la décision de justice.
« Nous avons pris connaissance de l’issue de notre appel et restons perplexes face à la décision. Nous sommes en train d’en évaluer les implications pour nos sites ainsi que pour nos collaborateurs, pour les clients en France ainsi que pour les TPE et PME françaises qui comptent sur Amazon pour développer leur activité », indiquait ainsi Amazon sur ses réseaux. Position victimaire bien connue, stratégie de communication dont les détails établis par l’avocat américain avaient fuité dans la presse…
Et en parallèle, une communication à destination des médias, avec une longue citation sans signature. Qui parle ? Amazon. Ce 24 avril, la Cour d’appel de Versailles a en effet confirmé l’ordonnance du 14 avril et impose « à la S.A.S. Amazon France Logistique de procéder, en y associant les représentants du personnel, à l’évaluation des risques professionnels inhérents à l’épidémie de Covid-19 sur l’ensemble de ses entrepôts ainsi qu’à la mise en œuvre des mesures prévues à l’article L. 4121-1 du Code du travail en découlant ».
Certes l’astreinte est passée d’un million d’euros à 100.000 € par jour, mais cette réduction de peine ne fait donc que conforter Amazon dans sa précédente décision de fermer les entrepôts. Pire, elle envisage qu’un « traitement accidentel de produits non autorisés de l’ordre de 0,1 % pourrait entraîner une pénalité de plus d’un milliard d’euros par semaine ».
Marketplace VS sécurité
Autrement dit, et bien que la firme le déplore pour « les milliers de TPE et PME françaises qui comptent sur Amazon pour développer leur activité », elle déclare la prolongation d’un arrêt du travail. Les centres de distributions français resteront fermés jusqu’au mardi 28 avril, le temps d’évaluer la situation, et la réaction à adopter.
« Nos clients peuvent toujours commander plusieurs millions de produits auprès des entreprises indépendantes qui vendent sur Amazon et au travers de notre réseau logistique mondial », poursuit le message.
Les salariés resteront donc chez eux. Et un baromètre Foxintelligence BFM Business — LSA indique que le chiffre d’affaires a perdu 20 % avec un recul des parts de marché de 36 % à 27 % sur la semaine du 13 avril.
Raphaël Pradeau, porte-parole du groupe Attac, explique dans Marianne : « Amazon avait multiplié les communications et publicités depuis la première décision pour faire passer dans l’opinion publique l’idée qu’elle donnait priorité à la santé et à la sécurité de ses salariés. Elle a également fait un lourd chantage à l’emploi. Pourtant, il y avait de très nombreux témoignages démontrant que les gestes barrière n’étaient pas respectés dans ses entrepôts et que la sécurité des salariés n’était donc pas assurée. La justice française n’a pas été sensible à cette forte pression. »
De leur côté, les organisations syndicales « espèrent que la reconnaissance de l’indignité d’Amazon vis-à-vis de ses salarié-es en France bénéficiera à la défense des salarié-es d’Amazon dans le monde, comme aux États-Unis où les salarié-es étaient en grève hier ».
Commentaires
Emilie Magne, le 25/04/2020 à 20:39:01
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mp.mac, le 26/04/2020 à 10:07:29
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Fulcrum, le 27/04/2020 à 02:02:20
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Fulcrum, le 28/04/2020 à 06:28:27
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