La dinde de Noël risque d’avoir un goût amer pour les vingt et un salariés de la Librairie de Provence. Les craintes et les rumeurs sont devenues réalité : dans un communiqué datant du 6 décembre 2018, le Président des Libraires du Sud, Éric Dumas, a déploré sa fermeture définitive.

L’une des plus grandes librairies d’Aix-en-Provence était jusque-là la propriété du groupe Eyrolles qui lui louait pas moins de 800 m2 de locaux. Une faveur qui commençait à peser lourd sur le chiffre d’affaires de l’entreprise, comme l’avait noté Serge Eyrolles, président du groupe éponyme.
Dans son communiqué, Éric Dumas a souhaité pointer du doigt les causes de cet échec. Il invite les habitants à s’interroger sur « le partage de la valeur dans la chaîne du livre de l’auteur au libraire, entre mastodontes capitalistiques et acteurs indépendants », « les pratiques de bailleurs privés dont la liberté non encadrée risque de transformer [les] centres-villes en zones de chalandise sans aucune personnalité » et les « édiles locaux pour les persuader qu’une librairie est un commerce culturel un peu particulier. »
La fermeture officielle serait prévue pour mars 2019.
D’ici là, le Président des Librairies du Sud compte sur la loi du prix unique du livre. Elle pourrait, si ce n’est pas pour la Librairie de Provence, de convaincre les décideurs politiques que cet encadrement légal a encore un sens économique et environnemental pour les autres librairies en terme d’emploi et d’aménagement urbain ou du territoire.
Il en appelle surtout au sens de la responsabilité des consommateurs, « à quelques jours des fêtes de fin d’année ». Acheter, c’est voter, comme on dit.