Christophe Girard, adjoint à la maire de Paris chargé de la Culture, n'occupe plus ce poste, à compter de ce vendredi 24 juillet. Il a en effet informé Anne Hidalgo de sa démission après une manifestation appelant à sa suspension le temps d'une enquête pour déterminer l'existence et la nature de liens avec l'écrivain Gabriel Matzneff. Ce dernier, visé par plusieurs enquêtes dont une pour « viol sur mineur », avait cité l'homme politique comme un de ses anciens soutiens.

Affirmant qu'il n'a « nullement envie de pourrir [s]a vie plus longtemps et de [s]'emmerder à [s]e justifier en permanence pour quelque chose qui n'existe pas », Christophe Girard, adjoint de la maire de Paris chargé de la Culture, a remis sa démission à Anne Hidalgo ce jeudi 23 juillet, selon un communiqué qu'il a publié sur Twitter. Cette décision fait suite à une manifestation, devant l'Hôtel de Ville, réclamant sa suspension.
— Christophe Girard (@cgirard) July 23, 2020
Cette mobilisation, qui aurait réuni une trentaine de personnes, fait suite à un message adressé par les élus écologistes du Conseil de Paris à la maire de la Ville. « Nous vous demandons donc la suspension immédiate de Christophe Girard à son poste d'adjoint en attendant les résultats d'une enquête de l'inspection générale de la Ville pour faire toute la lumière sur les liens et éventuels soutiens de Christophe Girard à Gabriel Matzneff dans le cadre de ses fonctions », indiquait le Groupe Écologiste de Paris (GEP).
Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère... pic.twitter.com/ab8E2aDBDB
— RaphaelleRL (@RaphaelleRL) July 23, 2020
La demande découlait de l'audition de Christophe Girard, en mars dernier, par les enquêteurs de l'Office central de répression des violences aux personnes (OCRVP), dans le cadre des enquêtes ouvertes sur Gabriel Matzneff et des faits de viols et d'apologie de crime dont il est accusé.
Christophe Girard avait été cité par l'écrivain comme un de ses anciens soutiens : alors secrétaire général de la maison Yves Saint Laurent, il aurait organisé l'aide financière et matérielle à l'écrivain voulue par le couturier. Il avait à cette occasion démenti toute proximité avec Matzneff : « La personne avec laquelle je vis depuis 25 ans ne l'a jamais rencontré. Un ami proche c'est quelqu'un qui part en vacances avec vous, qui dîne chez vous, chez qui vous allez. Eh bien, ce n'est pas le cas ! »
Christophe Girard est cité à plusieurs reprises dans les Carnets noirs 2007-2009 de Gabriel Matzneff, rappelle Mediapart, et l'auteur lui avait dédié son livre La prunelle de mes yeux, paru en 1993 chez Gallimard et inspiré, notamment, par sa relation avec Vanessa Springora.
Entre émotion et écœurement
« Il y a une émotion, je dis bravo aux militantes féministes qui se sont mobilisées, bravo aux élus écologistes. Ce que j'espère c'est que Christophe Girard va donner un exemple à des gens comme Gérald Darmarnin et Éric Dupond-Moretti pour que les responsables politiques comprennent que ça ne va pas s'arrêter », a indiqué Alice Coffin, conseillère de Paris pour EELV, auprès de Franceinfo.
Les élus écologistes auront été en première ligne de la mobilisation pour réclamer la suspension de Christophe Girard, et ne dissimulent pas leur satisfaction : « C'est très compliqué de faire aboutir un tel combat et on le voit depuis quelques jours, quelques semaines dans le milieu politique français on piétine beaucoup les revendications féministes au niveau du gouvernement et jusqu'à cet après-midi à la mairie de Paris », souligne encore l'élue.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, avait exprimé son soutien à Christophe Girard après le courrier qui lui avait été adressé. « Anne Hidalgo n'a aucune raison de lui retirer sa confiance. […] Elle considère que sur le plan éthique et moral il n'y a aucune raison d'écarter Christophe Girard », avait-elle fait savoir par la voix de son premier adjoint.
Je suis écœurée. Dans quelle démocratie vivons-nous où le droit est piétiné par la rumeur, les amalgames et les soupçons ? Tout mon soutien à mon ami Christophe Girard.
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) July 23, 2020
Après la démission de son adjoint chargé de la culture, Anne Hidalgo s'est dite « écœurée » : « Dans quelle démocratie vivons-nous où le droit est piétiné par la rumeur, les amalgames et les soupçons ? », indique-t-elle sur Twitter.
Photographie : illustration, collage dans les rues de Paris, ActuaLitté, CC BY SA 2.0