L'expo consacrée à J.R.R. Tolkien et à la Terre du Milieu bat son plein à la Bibliothèque nationale de France, avec un public très nombreux. Mais le personnel de l'établissement chargé de l'accueil des publics dénonce des conditions de travail difficiles dans un contexte budgétaire contraint. Selon les syndicats, les effectifs limités s'accompagnent d'une volonté de la direction d'élargir encore l'ouverture.

Les personnels de l'accueil et des vestiaires de la Bibliothèque nationale de France ont débrayé, ce jeudi 31 octobre, pour dénoncer « une charge de travail en très nette augmentation (+ 40 %) dans un hall Est particulièrement bruyant et mal aménagé », selon un communiqué de l'intersyndicale CGT-FSU-SUD. Selon les syndicats, l'accompagnement proposé aux lecteurs est aussi en nette dégradation, au détriment de la recherche.
Contactée, l'administration de la BnF évoque une expérimentation en cours, qui vise à rendre l'accès pour le public plus simple : « Nous considérons désormais que les lecteurs peuvent obtenir une carte de chercheur dès lors qu'ils peuvent justifier d'un statut de lecteurs de droit, c'est-à-dire lorsqu'ils sont inscrits dans un master. Bien sûr, il pourra toujours bénéficier d'un entretien avec un bibliothécaire pour sa recherche s'il le souhaite », nous explique-t-on.
En début d'année prochaine, cette expérimentation fera l'objet d'une évaluation, avec un examen des effectifs qui permettra de déterminer si un renforcement est nécessaire.
Le fameux Hall Est, qui accueille tant les visiteurs que les chercheurs pour les inscriptions, « est devenu un hall de gare extrêmement bruyant et mal agencé où les conditions de travail sont souvent difficiles », affirme l'intersyndicale dans son communiqué. La direction affirme qu'un projet de désengorgement du Hall Est est en préparation, lancé il y a plusieurs mois par Laurence Engel, présidente de la Bibliothèque nationale de France, et Sylviane Tarsot-Gillery, alors directrice générale de l'établissement.
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— sud culture bnf (@BnfSud) October 31, 2019
L'avant-projet non définitif sera prochainement présenté au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) et au comité technique (CT), pour aboutir sur un avant-projet définitif.
L'affluence autour de Tolkien, ouverte depuis quelques jours à la Bibliothèque nationale de France, a exacerbé les problèmes dénoncés par l'intersyndicale. Les photographies de files d'attente s'étendant sur le parvis de l'établissement ne surprennent toutefois pas l'administration, en période de vacances, même si « la fréquentation dépasse nos espérances ».
L'ouverture jusqu'à 21 heures, le jeudi, représente pour l'intersyndicale une des « tentatives répétées de faire travailler toujours plus les agents [...] [a]lors que la BnF bénéficie d'une amplitude d'ouverture déjà très conséquente (9h-20h quasiment 6 jours sur 7 toute l'année) ». L'administration affirme qu'il s'agit d'une nocturne comme « toutes les expositions parisiennes en proposent ».
Une extension limitée à cette présentation inédite, pour laquelle des agents vacataires ont été recrutés — ce que l'intersyndicale dénonce par ailleurs — et qui s'effectue dans le cadre du règlement intérieur de la BnF, lequel « précise que, pour des opérations spécifiques, l'établissement peut aller au-delà du cadre des horaires de travail », nous explique-t-on, ce que l'intersyndicale dément. « Une extension permanente ferait l'objet d'une discussion avec les personnels, bien sûr », ajoute l'administration.