Le temps presse un peu pour la librairie française Kyralina située à Bucarest, en Roumanie. En France, sa fondatrice, Sidonie Mézaize-Milon, cherche un repreneur pour ses parts sociales et sa gérante, qui, sur place, pourrait s'occuper d'une transmission en douceur, a prévu son départ pour cet été.
Photo prise par Tomo Minoda de la librairie Kyralina
Au départ, Sidonie Mézaize-Milon avait imaginé qu'un Roumain francophone du monde du livre reprendrait la librairie. Mais trouver la bonne personne est ardue, au vu de l'attachement de sa propriétaire et de l'absence apparente du profil recherché. Mais la fondatrice ne désespère pas de trouver un Français passionné par la Roumanie et ses habitants, prêt à se lancer dans l'aventure.
Contactée par ActuaLitté, elle nous raconte l'histoire de sa librairie qu'elle fonde en 2012. Elle était en Roumanie depuis 2009, au Bureau du livre de l'Institut Français de Bucarest, quand elle en a eu l'idée. Pour s'aider, elle postule pour une bourse à la Fondation Lagardère.
Au fur et à mesure, la librairie généraliste Kyralina – en référence à Panaït Istrati, un auteur roumain francophone, et à son personnage Kyra Kyralina – trouve sa place dans la capitale. Son fonds se compose de 98 % de livres en français et de quelques ouvrages en roumain.
La littérature française représente un tiers du chiffre d'affaires, les sciences humaines et les arts – très appréciés selon la librairie, qui a musclé son rayon en conséquence –, un autre. La littérature jeunesse « cartonne » car elle a peu de visibilité et d'espace dans le pays. De nombreux événements et ateliers sont organisés avec des enfants, comme lors de la Nuit de la lecture où ces derniers ont pu dormir dans la librairie.
La clientèle est mixte, « avec un peu plus de Roumains que de Français, peut-être » précise Sidonie Mézaize-Milon. Après tout, les habitants du pays sont réputés pour leur francophilie. L'intérêt pour la culture et la littérature de l'Hexagone a permis à la librairie de développer une offre « alternative », « insolite », plus « confidentielle », à l'image de l'actualité éditoriale française.
De surcroît, la Roumanie compte peu de librairies indépendantes, ce qui a sans aucun doute concouru au succès de Kyralina. Elle a également une convention de partenariat avec l'Institut français qui possède une médiathèque et qui, entre autres, passe commande à la librairie.
Malgré ce succès, la fondatrice a dû retourner en France, il y a trois ans de cela. Désormais, elle cherche un repreneur de ses parts sociales. Quelqu'un qui pourrait être sur place, et qui, idéalement, serait à la fois propriétaire et gérant de la boutique. « Mais la personne fera ce qu'elle veut, bien sûr » souligne-t-elle. Toutefois, « mon associé ne souhaite pas vendre ses parts, comme je vous l’ai indiqué. S’il est d’accord pour donner la majorité au futur repreneur de mes parts, il restera toutefois au capital et devra donc être consulté pour les décisions importantes ».
Selon Sidonie Mézaize-Milon, il sera plus facile de s'impliquer « à fond », sur place, en tant que propriétaire de la librairie. C'est une « configuration idéale » qui pourrait réduire les coûts de la masse salariale. Sur place, il y a déjà une équipe de 4 libraires « formidables », mais qu'il faudra « gérer » – chacun ayant par exemple des emplois du temps disparates – et, pour cela, la libraire cherche quelqu'un ayant de l'expérience dans les livres ainsi que dans le management.
En Roumanie, il y a très peu de formations dans les filières du livre, précise-t-elle, c'est un peu une « exception française ». Aussi, être libraire au pays de Dracula, c'est faire profiter de compétences bien spécifiques. « C'est un beau métier, bien que difficile, l'expérience est donc importante » explique la propriétaire.
Dans sa démarche, Sidonie Mézaize-Milon est aidée par Book Conseil ainsi que par le Centre national du livre (CNL). Elle est actuellement en discussion avec l'organisme pour bénéficier de l'aide à la reprise des librairies francophones, qui offre au repreneur un prêt à taux zéro, à hauteur de 30% du montant de la vente.
« Ce dispositif est une vraie chance, il permet de trouver une personne qui n'a pas forcément d'argent de côté, mais qui a envie de se lancer dans cette aventure, quelqu'un de plus jeune, avec une expérience significative. Il permet de diversifier les profils » termine la libraire, pleine d'espoir.
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