MANGA SHOJO - Satsuki travaille en intérim, et elle a réussi à se faire une bonne place dans son entreprise malgré son statut précaire. Mais son supérieur se met à vouloir la « protéger » et à lui faire des propositions de plus en plus insistantes. Elle ne peut pas le contrarier, alors elle prend sur elle. Et jour après jour, son quotidien s’effrite…

L’héroïne est Satsuki, travaillant au service téléphonique d’un entreprise où elle a été recrutée par intérim. Elle aime beaucoup son travail et se sent intégrée dans l’entreprise. Quand elle invitée par son patron lourdaud, son supérieur la défend. Le problème, c’est qu’ensuite, il s’immisce de plus en plus dans sa vie. Il lui propose sans cesse des rendez-vous, et puis un week-end à deux « pour parler du travail »… Elle ne veut pas le vexer, et elle a peur des ennuis qu’il pourrait lui causer, alors elle endure. Mais pour combien de temps ?
Moi aussi parle du harcèlement sexuel au travail, à la première personne, dans le contexte japonais de respect absolu de son supérieur. Le manga, basé sur une histoire vraie, est très réaliste. Des situations où l’on se sent prisonnier à la peur de parler, en passant par l’injustice terrible quand on essaie de s’exprimer sur le sujet, tout est traité de façon poignante.
L’accent est mis sur l’effet du harcèlement sur le mental. Satsuki développe des troubles boulimiques, perd sa motivation à aller au travail, n’est plus aussi concentrée qu’avant… Malgré des passages très durs, le ton général reste positif. À travers d’autres femmes engagées, Satsuki va petit à petit retrouver foi en elle-même. Moi aussi donne ainsi de la force et de l’espoir à toutes.
Le dessin est assez basique, le style est celui qu’on attendrait d’un shôjo des années 2000. C’est surtout le point de vue et la mise en case qui sont particulièrement réussis. Le lecteur ressent véritablement les sentiments de l’héroïne et peut palper la sensation oppressante qui lui envahit la poitrine. Les sueurs froides, les mains placées aux endroits où l’on préférerait qu’elles ne soient pas, le ton un peu trop agressif… tout est montré en gros plan, pour un effet glaçant. Le rythme du récit est également bien maîtrisé. On passe par toutes les phases de la tension et du doute jusqu’à ce que l’héroïne se retrouve au fond du gouffre. Et alors, l’aide qu’elle reçoit acquiert toute sa valeur humaine. Le manga prend son temps sans trop traîner – une histoire complète en deux tomes semble est juste le format qui lui convient.
On est face à un témoignage rare et une lecture importante, un peu l’équivalent en manga du livre La Boîte Noire d’Ito Shiori. Ce sujet essentiel est ici traité avec justesse, et sait bien mettre en lumière l’importance des associations d’aide et de la nécessité de promouvoir l’écoute et de libérer la parole. Moi aussi vous en apprendra plus sur la réalité du travail au Japon, et sur comment les droits des femmes y ont évolué ces dernières années. Surtout, on découvre par un témoignage authentique les possibilités qui existent pour obtenir justice et le chemin semé d’embûches pour celles qui décident de ne pas se laisser faire.
Reiko Momochi, trad.Yuki Kakiichi – Moi aussi – Akata
Vol.1 – 9782369748540 – 6.99 €
Vol.2 – 9782369748687 – 6.99 € (à paraître le 22/10)
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NB, le 01/10/2020 à 14:08:29
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