
Adulés, Janis Joplin et Jim Morrison ont pourtant été fauchés en pleine jeunesse à 27 ans. Qu’en retient-on aujourd’hui ?
Communément, chacun a sa propre théorie sur la fin de ces deux égéries du rock… Première hypothèse : Janis et Jim, se réclamant de la contre-culture, seraient entrés dans une spirale autodestructrice de consommation de drogues. Ou, seconde idée : ils auraient été entraînés par les affres du statut d’idole. Dernière proposition : ils auraient vécu des expériences traumatisantes dans leur prime enfance qui expliqueraient leur mal-être à l’âge adulte. Conclusion : laissons ces spéculations et autres freudismes de côté.
Une piste n’a pas été explorée : envisageons que Janis et Jim aient souffert tous les deux du même trouble psychique qui n’aurait pas été diagnostiqué à leur époque ? C’est ce que tentent de nous expliquer un psychologue et un sociologue. On sait aujourd’hui qu’ils étaient touchés par un mal appelé « état limite » (ou « borderline »), une grave affection, méconnue à l’époque, mais tout à fait identifiée de nos jours. L’état limite se caractérise par une sensation de vide, une absence d’intérêt pour quoi que ce soit, un état de déprime constant, une impression « de rien ». Les deux artistes, dont l’état n’a pas été détecté, ont dû composer seuls avec leur affliction, réagissant de la même manière pour fuir la réalité : la drogue mélangée à de fortes doses d’alcool étant l’exemple le plus souvent avancé.
Cette analyse, quoique très accessible, s’attache à expliquer les excès et les excentricités de Jim Morrison et de Janis Joplin dans leur mal-être. Pourquoi étaient-ils tour à tour assoiffés de reconnaissance, si brillants et vivants, puis violents, provocateurs et proches de la chute… définitive ? Incapables de concevoir et de vivre des relations saines et durables, ils étaient au contraire avides de sensations fortes à outrance, d’adrénaline à n’importe quel prix, et cela par toutes les formes de défonce imaginables (sous effet de la drogue pendant des semaines entières, sexe, comportements suicidaires, colères soudaines…).

Toutefois, on ne peut s’empêcher de penser qu’imaginer ces dialogues est quelque peu prétentieux. Comment peut-on en effet prêter telle réaction, telle pensée ou telle action à une personne disparue depuis longtemps et que l’on n’a pas connue sinon à travers ses œuvres et les témoignages qu’il en reste ? Avec le recul surtout, les deux témoignages rapportés se ressemblent plus qu’ils ne le devraient. Même si Jim Morrison et Janis Joplin s’étaient rencontrés et aimés, il est en effet difficilement envisageable de réduire ces deux êtres extraordinaires à une seule et unique personnalité.
Gerald & Ralph Faris s’attachent en définitive à peindre deux portraits à destination du grand public, et non pas seulement sous l’angle scientifique et médical. L’atmosphère des sixties s’y retrouve grâce à des témoignages, des références, des anecdotes venant étayer l’étude. Ce livre, très audacieux, a aussi pour vocation d’aider d’éventuelles victimes de cette maladie qui s’ignorent tout en permettant de mieux comprendre contre quels démons luttaient ces deux icônes rock.
Gerald Faris (Auteur), Ralph Faris (Auteur), François Tétreau (Traduction)
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