
Ensuite, le short, retranscrit en littérature, cela passe de l'immédiat au foudroyant. Deux pages, et c'est plié. Souvent en laissant le lecteur pantois : on a l'impression d'assister à une sorte de speed dating littéraire, dans lequel on ignore si l'on est vraiment en mesure d'être séduit. Et pourtant...
L'histoire d'un briquet Bic, passé de mains en mains, celle d'une ferme montée par deux amoureux, un vieux traumatisme d'enfance ayant trait aux anguilles ou encore un hurluberlu qui vous raconte plus de 20 ans après sa mort qu'il prend chaque jour des verres avec Samuel Beckett. Pour d'autres, il s'agira de mourir avec un bon café et une cigarette à la main, de vivre avec la malédiction des trèfles à quatre feuilles ou de résoudre les angoisses de sa jeunesse, et du loup qui vit dans le placard à balais...

Il ne faut pas s'imaginer que l'on perd son temps : tout est si condensé que les pages défilent comme un paysage en train, mais voilà que, oh, oui, pas la peine de poser ses bagages, il faut déjà descendre. C'est assez déstabilisant. Mais c'est brillamment réalisé.

Après, de savoir si ces histoires sont intéressantes ou non, la réponse normande serait la plus raisonnable : tout n'est pas bon à prendre, ou ne plaira pas. Mais pour le lecteur enthousiaste, l'ensemble peut s'apprécier sans peine. Il se dégage un humour léger ou une cruelle fatalité – ce qui n'est d'ailleurs pas incompatible, au sein d'un récit de trois pages, et tendrait à prouver la virtuosité de Vitaliano – qui marque chacun des textes et ne manque pas de vous toucher.
La vitesse n'enlève rien au plaisir, ni même à l'implication dans les nouvelles. Comme disait un empereur philosophe : « Hâte-toi lentement ! » Avec Vitaliano, on redécouvre un sens à cette expression.
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