
Pas dans le cas de M. Feer. Car M. Feer est un homme préoccupé. Par le devenir de nombre de choses, comme nous tous, et probablement le sien avant d’autres, mais surtout celui des animaux qui peuplent le territoire amazonien. On parle régulièrement de la forêt du même nom, mais c’est oublier qu’elle abrite en son sein une flore, mais également une faune. Et tout au long de son bestiaire, avec humour et beaucoup de sérieux, ou bien est-ce l’inverse, M. Feer nous raconte les créatures étranges, choisies pour ce qu’elles pouvaient apporter d’amusant, l’alouate, singe crieur en est un autre, mais aussi de représentatif de la culture amazonienne.
Dans sa dédicace, M. Feer m’a même conseillé de me rendre page 113, pour découvrir le Phanée rouge. Nous vous en livrons un extrait : « En dépit de ces brillants débuts scientifiques en plein siècle des Lumières le phanée est resté modeste. […] Le phanée est un dur, un costaud qui rentre joyeusement dans la mêlée. » Mais qu’est-ce qu’un phanée ? Un bousier tout simplement. L’une de ces créatures coprophages qui roulent des morceaux d’excréments, dont il a tiré la substantitifique moelle pour s’alimenter.

Mais enfin, que recherche M. Feer à la fin ? À la fin ? Eh bien justement, c’est en explorant la dernière bête de ce bestiaire, que l’on saisit au mieux le pourquoi de ce livre : l’Homo sapiens explorans. Ce dernier dispose de « la combativité nécessaire pour revendiquer haut et fort que la sauvegarde de la nature et le combat pour la liberté de l’homme sont irrémédiablement liés. Et c’est ainsi qu’il y aurait un témoin impuissant, mais complice de l’extinction programmée de la forêt tropicale de la fin de l’ère quaternaire, à moins que l’on se réveille, fissa ! »
Tout le monde aura démasqué sous le voile du comique trublion, de l’amuseur public joueur avec les mots, la véritable nature de M. Feer : c’est un écologiste ! Ou pour ne pas trop le blâmer, au moins un amoureux de la nature, qui tente à sa mesure de nous éclairer de sa lanterne sympathique sur les bestioles dont on se privera si tant est que l’on ne réagisse pas. Tout ça pour ça, M. Feer… est-ce bien sérieux ? À votre âge (bien que je l’ignore…) ? N’avez-vous pas d’autres causes à fouetter que celle-ci ? Non ? Bon, tant mieux, parce que vous avez bien fait.

Le corollaire de cette affirmation est que bien entendu, votre bouquin est à voter image, et qu’on ne peut qu’en recommander la lecture…
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