EXCLUSIF - Le décrochage des élèves, dans le passage de l’école au collège, est largement constaté : la lecture fait les frais de cette transition. La société Bookeen, connue pour son offre de liseuses, a décidé de travailler à inverser cette tendance. Par la lecture numérique, peut-on préserver le lien entre enfants et livres ?
Erwan Le Meur, responsable des ventes, l’explique : « On observe une diminution de 24 % des lecteurs dans ce passage au collège, chez les garçons. Une autre problématique est l’augmentation des troubles dyslexiques qui toucheraient deux enfants par classe. » Mais que faire de ces chiffres ?
Depuis cinq ans maintenant, Bookeen travaille avec la mairie du Blanc-Mesnil, pour équiper les collégiens d’une liseuse. « De cette expérience, nous avons conclu que l’idée d’équiper les collégiens avec un appareil incitatif était efficace. Si la tablette est un appareil multimédia, propice à sortir d’une lecture par des messages ou autres perturbations, en revanche la liseuse est un outil simple dédié exclusivement à la lecture », relève Michael Dahan, cofondateur de Bookeen.
Combler la rupture par des lecteurs ebook
De l’action menée avec le Blanc Mesnil, il devenait possible de concevoir un projet idoine. Depuis 2013, 4500 élèves ont été équipés d’une liseuse, soit 900 par an.
Dans cette offre, l’élève dispose de l’appareil et d’un catalogue de livres numériques intégré. Le choix des titres stocké dans la liseuse s’opère en fonction des prescriptions fournies par l’Education nationale : la mairie intervient également, et le collégien se retrouve alors avec une cinquantaine de titres.
« Il faut que les livres retenus fassent partie des choix suggérés par le ministère, d’une part. Mais interviennent également des questions de prix : les ebooks doivent être accessibles, pour que l’offre clef en main soit abordable », poursuit Erwan Le Meur.
Le déclic est apparu avec un autre appel d’offres, émanant de Mayotte, et que Bookeen a remporté. « Il s’agissait d’une demande très semblable à celle du Blanc Mesnil. Suite à ces demandes, nous avons élaboré l'idée d’une liseuse jeunesse, parce qu’elle répond manifestement à une attente », conclut Michaël Dahan.
De l’épopée à la saga...
Le produit le plus adapté de la gamme Bookeen était sans conteste la Saga. Cet appareil dispose d’une couverture en silicone, anti-choc, « et l’on sait combien la vie d’un élève peu être mouvementée au quotidien », plaisante Erwan Le Meur. Il n'était pas envisageable de produire une machine spécifique, donc, mais plutôt puiser dans les ressources disponibles et l'adapter au public.
« Les arguments en faveur des liseuses sont connus : la qualité d'affichage proche du papier, la portabilité d’une bibliothèque de 8000 livres, c’est plus léger qu’un cartable. De même, on a un dispositif qui ne sert qu’à lire : pas de réseaux sociaux ni de perturbations dans la lecture », poursuit-il. Et la lisibilité en extérieur, bien entendu.
« La Saga est un produit robuste qui fonctionne bien. Le coupler avec une offre de contenu spécifiquement pensé pour les élèves, c’est ce que nous faisions depuis plusieurs années », reprend Michaël Dahan.
Certains des éléments des appels d’offres ont permis de constituer une offre de livres, en collaboration avec les éditeurs. « Le projet serait de parvenir à travailer avec les libraires locaux, pour porter cette offre de liseuse jeunesse, définissant avec les mairies les livres qu’elle contiendrait », relève Ewan Le Meur.
« Et dans le même temps, comme notre offre est compatible avec Prêt Numérique en Bibliothèque, ce serait l’occasion de créer des passerelles entre les jeunes lecteurs et les établissements de prêt. » La Saga peut en effet prendre en charge la chronodégradabilité des titres, et les rendre inaccessibles une fois la durée du prêt numérique parvenue à son terme.
Dans les cartons d’ici mi-mars
La liste d’ouvrages pour cette liseuse jeunesse est encore en cours de constitution. Elle contiendra à terme une cinquantaine de livres, pour ne pas saturer les élèves. Dans l’idée, la sélection proposera des ouvrages de loisir, constatant que le désintérêt pour la lecture passe aussi par des livres à lire trop scolaires dans l’esprit.
Pour l’heure, les équipes travaillent au développement de fonctionnalités spécifiques pour faciliter le décodage du texte pour les dyslexiques, en collaboration avec la société MOBIDYS. Certaines fonctionnalités sont en cours d'implémentation, comme une mise en page serrée à gauche, un interlignage plus grand et l'intégration d'une police spécifique « OpenDyslexic ». D'autres fonctionnalités sont encore à l'étude comme l'aération du texte et des solutions adaptées pour soutenir le parcours de l'œil.
« Le travail de développement est important de notre côté : nous espérons finir avant le Salon du livre de Paris pour présenter idéalement notre offre mi-mars. Cette question de compatibilité de la police est essentielle. Notre projet est de pouvoir offrir un appareil qui soit adapté au plus grand nombre », insiste Michaël Dahan.
Par la suite, cette liseuse jeunesse pourrait aisément s’exporter dans toute la francophonie. Le Canada a fait état de ses intentions en matière de numérisation pour les établissements scolaires, mais la Belgique ou la Suisse sont également des zones où l’offre se déploierait sans peine.
Commentaires
Claude Lapprand, le 19/12/2018 à 10:44:08
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Lisbei, le 19/12/2018 à 12:04:59
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Hélène, le 27/12/2018 à 10:32:55
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