RAPPORT – Centré sur le podcast, ou audio à la demande, voici un nouveau rapport communiqué au ministère de la Culture. Balayant l’évolution des contenus audio en ligne, et leur croissance, ce dernier devait estimer l’ampleur du phénomène. Et suggérer quelques évolutions possibles pour consolider la filière française du peau-de-caste. Non sans quelques détours par le livre audio.

Nicole Phoyu-Yedid, Inspectrice générale des affaires culturelles et de François Hurard, Inspecteur général des affaires culturelles, ont remis à Roselyne Bachelot leur document : « L’écosystème de l’audio à la demande (podcasts) : enjeux de souveraineté, de régulation et de soutien à la création audionumérique ». Bien que ce dernier soit avant tout centré sur les pratiques de création en ligne, il effectue plusieurs détours par le livre audio, sorte de cousin germain.
Le numérique décliné du texte à l'audio
Établissant un certain retard dans le paysage français, le rapport insiste sur la pluralité des podcasts produits, avec des thématiques peu évoquées sur des radios généralistes… mais en revanche traitées par l’industrie du livre, comme le développement personnel.
VOLUTES: littérature et luttes sociales
En revanche, toute la proximité entre podcast et audiolivre est bien soulignée : selon le Baromètre des usages numériques, en 2019, 14 % des Français de 15 ans et plus avaient lu un ebook, et la moitié avaient découvert le livre audio récemment.
Majoritairement axé sur la littérature, le développement de l’audiolivre passe également par l’enseignement scolaire. Dans son fonctionnement, le téléchargement numérique représente 34 % des usages, contre 30 % pour les prêts en bibliothèque et 14 % pour les achats de CD.
« À terme, la proximité du livre audio et de la création de podcasts et la phase de croissance simultanée de ces deux offres de contenus audio devraient entraîner une forme de rapprochement ou de regroupement que certaines plateformes pratiquent d’ailleurs déjà », indique le rapport.
Or, les plateformes — comme Spotify — tendent à proposer une offre globale, réunissant livres audio et podcast, dans un univers musical. Le rapport souligne par ailleurs l’importance de l’action menée par l’association Valentin Haüy pour la création de livres audio à destination de publics empêchés.
Soutenir la création, rapidement
Autre élément chiffré, l’enquête Global audio de Médiamétrie, qui en 2019 pointe que « le volume d’écoute des internautes sur une journée se répartissait à hauteur de 66 % vers les contenus audio (radio en linéaire et en replay, podcasts natifs et livre audio) et à hauteur de 34 % vers les contenus musicaux (streaming musical 16 % et musique personnelle 18 %) ».
Bien entendu, le rapport conclut à la nécessité de normer un peu les choses et d’apporter une bienheureuse régulation. « Cela concerne aussi bien les relations entre les différents acteurs de l’écosystème, que le rôle du service public de la radio, susceptible à l’avenir de demeurer un acteur de premier rang dans la création audionumérique », estiment les auteurs.
NUMÈRIQUE: les liens entre podcasts et livre audio
Mais le soutien à la création, autant qu’aux créateurs, devient un enjeu pour l’avenir : un financement en amont, pour le développement de projets, sera nécessaire. Ensuite, d’ici à trois ans, il faudra observer les évolutions et probablement envisager un système de soutien plus ambitieux — incluant la musique aussi bien que les podcasts.
Et de conclure : « En tout état de cause la France peut avoir la chance de devenir, y compris dans l’horizon élargi de la francophonie, un pôle d’excellence pour la création de contenus audio à condition que tous les efforts, ceux des créateurs, des producteurs, des diffuseurs convergent et soient confortés et guidés en cela par une politique publique. »
Réconfortant.
Le rapport peut être consulté et/ou téléchargé ci-dessous :
crédit photo : arembowski CC 0
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