Les éditeurs espagnols font grise mine : si le livre numérique a été très plébiscité durant la période de pandémie, c’est avant tout par des voies illégales. Déplaisant, d’autant qu’en 2019, les chiffres du piratage avaient diminué de 5 %.

Les chiffres communiqués par l’Observatorio de la Piratería y hábitos de consumo de contenidos digitales 2019, n’ont rien de très réjouissant. En effet, durant la première semaine de strict confinement en Espagne, 25 % des internautes se sont rués sur trois portails, voire plus, afin d’accéder à des contenus contrefaits. Ils n’étaient que 19 % les semaines précédentes.
Pour autant, déclarait la semaine passée le ministre de la Culture, José Manuel Rodríguez Uribes, la tendance ne refléterait pas un symptôme. En effet, le confinement n’aurait affiché qu’une remontée exceptionnelle, alors que le pays serait redescendu depuis à des chiffres plus bas qu’avant l’état de crise sanitaire.
Mieux : en regardant depuis 2015 les données cumulées, le piratage serait en diminution de 15 %. De quoi, poursuit Íñigo Palao, consultant pour GfK, estimer que les mesures préventives font effet et que la pression du gouvernement porte ses fruits.
TELEGRAM: nouveau support pour les pirates
Sur 2019, on évalue à 30,904 milliards € les pertes consécutives au piratage. Pour les industries culturelles, la douloureuse se monte à 2,437 milliards €. Et pour les caisses de l’État, ce sont 673 millions € qui s’évanouissent, ainsi que 120.000 emplois directs et indirects qui n’auront pas été créés.
La musique est, comme souvent, la plus directement concernée avec 527 millions € de revenus non générés : le livre, pour sa part, affiche 230 millions €. Et si dans l’ensemble, les industries culturelles voient la contrefaçon ralentir, les séries et les livres connaissent une hausse de 3 % de la consommation illégale.
Toujours au cœur technologique, la facilité de partage et de diffusion de l’ebook qui ne pèse que trois fois rien. Le pire cauchemar pour les éditeurs serait donc… l’email, qui faciliterait plus que tout la transmission d’un ouvrage d’un compte à un autre.
Pour 40 % des Espagnols, le piratage se justifie par la confusion qui règne entre plateforme légale et illégale. Les deux supports ne seraient pas assez clairement identifiés. Certes. D’autres, à 54 %, arguent qu’ils payent déjà une connexion internet, et que les surcoûts de l’achat ne se justifient donc pas.
Enfin, ils sont respectivement 30 % et 24 % à indiquer que leurs actions n’ont pas de conséquences juridiques, et qu’ils ne portent préjudice à personne.
via El pais
illustration : mohamed_hassan CC 0
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