Au sein de la Digital Zone de la London Book Fair, des éditeurs taclent l'édition papier comme une édition d'« héritage ».
C'est un rendez-vous incontournable pour les acteurs du livre venus du monde entier. C'est aussi l'occasion de faire le point, à une époque où le développement du numérique provoque de nombreux changements. Or, selon George Lossius, président de Publishing Technology, certains éditeurs ne comprennent pas le monde numérique. « Ce n'est pas parce qu'ils n'essayent pas, c'est parce qu'ils n'y sont pas ouverts. Ils ont été intimidés par Amazon, Apple et Google, au lieu de penser à tout ce qu'ils peuvent faire avec leurs contenus numériques. (...) Ils ont juste reproduit le livre en Kindle ».
Pour l'auteur Simon Potter (The Perfect Face for Radio), de Fast-Print Publishing, « l'industrie du livre - et je pense que la plupart des gens dans ce pays l'admettront - est désordonnée. Il y a beaucoup de personnes dans l'impasse. Peut-être qu'ils nient le fait que le monde est en train de changer. Peut-être ne veulent-ils pas que le monde change ».
Il y a pourtant une demande de la part des éditeurs qui recherchent un contenu de qualité. C'est du moins l'opinion de Jamie Byng est éditeur chez Canongate. Pour lui ce sont ces moments de rencontres entre agents et éditeurs, et plus généralement entre les divers métiers du secteur, qui peuvent engendrer de beaux succès. « Chez Canongate, nous pensons évoluer rapidement, mais le plus important est d'acquérir les meilleurs livres possible, puis les éditer et les marketer avec autant de succès que possible. Sous nous faisons cela comme il faut, nous trouverons un public, quel que soit le format ».
Chez Amazon aussi, l'horizon est dégagé
Le stand Amazon ferait beaucoup jaser, en raison du procès du ministère américain de la Justice contre Apple et plusieurs éditeurs de grande envergure. Beaucoup estiment que ce procès aura finalement été très utile à Amazon, qui pourra dorénavant envisager de rétablir son monopole (voir notre actualitté). Lors du salon, Amazon cherche à faire savoir que les relations avec les éditeurs et les auteurs sont détendues.
« C'est une très grosse industrie », explique Sophie Poderoso au Guardian, responsable des relations presse pour Kindle, « et il y a de la place pour des personnes très différentes - l'auto-édition, les éditions d'Amazon, et toutes les maisons d'édition traditionnelles. Nous travaillons avec des éditeurs traditionnels. Nous vendons plus de livres que jamais au nom des éditeurs, et au nom des auteurs auto-édités. Notre vision est d'avoir tous les livres jamais écrits dans le Kindle Store, disponibles à la lecture en 60 secondes ».
Y compris ceux des éditeurs indépendants (voir notre actualitté) ?
Les auteurs se prennent en main
Ben Galley a publié son premier livre il y a deux ans, et vit de ses ebooks de fantasy. Pour financer l'édition de son second livre, il a fait appel au crowd-funding. Il a vendu par la suite environ 50.000 copies de son livre, et touché de confortables royalties. Il représente de nouvelles façons pour les auteurs de se vendre, de faire parler d'eux, de se rendre visible, loin des circuits traditionnels.
« Les maisons d'édition doivent changer de modèle commercial », dit-il. « Ils utilisent toujours une méthode incertaine, nageant dans des piles de manuscrits dont les auteurs leur sont globalement inconnus. S'ils regardent autour d'eux, ils verront des gens comme moi, avec des preuves, une base de fans, et des ventes à leurs actifs ».
Le crowdfunding désigne un mode de financement participatif, basé sur l'exposition de ses oeuvres sur Internet. Le but est de faire participer un maximum de personnes, chacune misant une petite somme. Il est aussi intéressant de constater que si l'édition par le biais du crowdfunding commence généralement sur le web, elle peut aussi aboutir à une édition papier, si le succès est avéré.
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